Le ministère du Travail vient de publier un guide qui fixe des règles très précises aux entreprises à partir de lundi prochain lorsque les salariés vont commencer à revenir au travail. Un protocole de 20 pages... aussi clair qu'un mode d'emploi pour une construire une commode de salle de bain.
Tout y est scrupuleusement mesuré et mentionné mais on voit mal comment le chef d'entreprise d'une PME peut s'en sortir avec toutes ces consignes. De toute façon, il faut surtout retenir la conclusion : si on n'arrive pas à respecter l'ensemble des règles, on impose le masque.
Ce "protocole national de déconfinement" établit l'espace de sécurité pour chaque salarié à son bureau. Chaque salarié devra disposer d'un périmètre de sécurité de 4 mètres carrés à son bureau. Ce qui permet de conserver en permanence un mètre de distance avec ses collègues.
L'OpenSpace de 700 mètres carrés ne pourra plus accueillir 50 salariés comme avant, dit le document du ministère, car il faut retirer la surface des salles de réunion, bureaux, couloirs... Il ne fait plus que 135 mètres carrés de surface résiduelle et ne peut plus recevoir que 33 employés en même temps. On suggère donc de faire deux équipes de 25 : l'une vient du lundi au mercredi et l'autre jeudi et vendredi.
Il faut ensuite nettoyer les locaux régulièrement, échelonner les heures d'arrivée et les heures au restaurant d'entreprise. Il y aura aussi un parcours fléché pour imposer un sens de circulation dans l'entreprise.
Mais il y a quelques petites incohérences pour bon nombre de locaux... Pour ceux qui travaillent dans des tours climatisées de plusieurs étages aux fenêtres fermées en permanence. Toutes les trois heures, on est censé ouvrir les fenêtres pour aérer et laisser les portes ouvertes, y compris les portes "coupe-feu" qui doivent rester fermer pour éviter un drame en cas d'incendie.
Tout ça semble donc bien compliqué. Pourtant, les syndicats demandait un document de ce type. Et c'est logique qu'il y ait cette demande. La vraie question est : qui est responsable en cas de problème ?
C'est d'ailleurs ce que demandent les maires pour rouvrir les écoles. Ou ce que traduit la prudence des gérants des transports publics. Personne ne veut être tenu responsable d'un échec du déconfinement. C'est l'angoisse de la plupart des petits patrons qui redoutent d'être poursuivis par un salarié qui tomberait malade.
La complexité de cette fiche montre aussi le dilemme dans lequel se trouve le gouvernement. Il faut relancer l'économie et l'activité des entreprises sans relancer l'épidémie. Toutes ces difficultés ne permettront pas aux entreprises de retrouver leur productivité. Ce n'est pas le but d'ailleurs.
On redémarre avec le pied sur le frein. C'est un peu le "frein moteur" qu'on recommande en montagne lors des grosses descentes. On a bien compris que tout est fait pour ralentir le retour au travail des salariés.
C'est vrai dans la communication du gouvernement qui encourage la poursuite du télétravail. C'est vrai dans ce protocole puisque le calcul de la surface minimum pour chaque employé revient à laisser au moins un tiers des collaborateurs à la maison. C'est vrai aussi dans les mesures d'accompagnement en direction des entreprises.
Les règles de chômage partiel, la reprise de l'école sur la base du volontariat et donc l'arrêt garde d'enfants, tout cela va durer jusqu'au 2 juin. En clair, la fin du déconfinement a lieu lundi prochain mais tout est fait pour que ça se fasse très progressivement avec une vraie rentrée dans un mois.
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