Changement d'heure : pourquoi à l’origine il s'agissait d'un canular

Tout commence le 26 avril 1784. Les lecteurs du Journal de Paris découvrent une lettre dans laquelle l’auteur préconise de se lever plus tôt le matin, en même temps que le soleil, et de se coucher aussi en même temps que lui, pour économiser de l’énergie. Et l’énergie, à cette époque, c’est les bougies et les chandelles. 

L’homme derrière cette idée, ce n’est pas n’importe qui. C’est l’inventeur du paratonnerre, Benjamin Franklin.

Il est alors ambassadeur américain à Paris. Dans sa lettre, pour inciter les gens à changer leurs habitudes de sommeil, il propose d’imposer une taxe sur les volets. C’est en fait un vaste canular, fait pour se moquer des nobles Parisiens qui dormaient alors jusqu’à midi. 

Mais les lecteurs prennent cette lettre au premier degré. Et Benjamin Franklin ne désamorcera pas la blague. Peut-être s’était-il rendu compte que sous couvert d’un canular, il avait vraiment eu une bonne idée ! Cette lettre tombera dans les oubliettes, jusqu’en 1916.

Changement d’heure avec les Nazis

On est en temps de guerre, il faut faire des économies, notamment d’énergie. Le député André Honnorat propose alors d’instituer l’heure d’été afin que les millions dépensés pour l’éclairage public servent plutôt à financer l'armée française. 

Les journaux, qui soutiennent l’idée, ressortent alors la lettre de Franklin, sans pour autant préciser qu’il s’agissait d’un canular. La loi sera votée. Ce n’est donc pas Valéry Giscard d’Estaing qui a inventé le passage à l’heure d’été en 1973 lors du choc pétrolier, mais bien André Honnorat. Et sa loi va perdurer jusqu’en 1939. 

Là, avec l’occupation nazie, il y aura à nouveau un changement d’heure. Pas d’été, mais toute l’année, puisque les Français de la zone occupée seront obligés de se mettre à l’heure allemande. Et alors, à Berlin, il est une heure plus tard qu’à Paris. Un cauchemar pour la SNCF, car les trains partant de Vichy, en zone libre, arrivent en retard à Paris, en zone occupée. Et ceux partant de Paris s’arrêtent une heure à la ligne de démarcation pour arriver à l’heure et pas en avance. On aurait dit un canular à la Benjamin Franklin, mais là, ça n'en était pas un !