Aujourd’hui, amis des mots, nous allons parler de deux petits points qui posent question à bien du monde, si j’en juge par les courriers que je reçois à mon adresse langue@rtl.fr : ce sont les deux points horizontaux qui constituent ce signe diacritique, cet accent qu’on appelle le tréma.
"Tréma" est un mot grec qui veut dire, assez logiquement, "point", ou même qui désigne plus précisément un point sur un dé. Le tréma est plutôt rare en français. Larousse nous explique qu’il se "met sur les voyelles e, i et u pour indiquer que la voyelle qui précède doit être prononcée séparément." C’est ce que l’on appelle en langage savant une diérèse, du grec ancien diairesis, "séparation".
Le dictionnaire donne les exemples de ciguë, naïf et capharnaüm. Sans tréma ciguë se dirait "cigue", naïf se dirait "naif" et capharnaüm "capharnaum". Son utilité est encore plus flagrante sur un mot comme maïs, qui sans lui ressemblerait comme un frère à la conjonction mais ; il est indispensable aussi sur l’onomatopée aïe, qui sans lui donnerait aie, comme le verbe avoir au subjonctif.
On ne trouve jamais le tréma sur d’autres lettres que e, i et u – enfin, si. Très exceptionnellement – vous savez que le français adore les exceptions. On le trouve sur quelques y de noms propres, comme celui de L’Haÿ-les-Roses, par exemple, qui sans le tréma se prononcerait "Lai-les-Roses".
Quand il s’agit d’écrire Noël ou Père Noël, personne n’oublie le tréma sur le e ; je ne trouve jamais de fautes non plus à naïf, parce qu’on se rend bien compte que, sans tréma, on prononcerait "naif". Le vrai défi, c’est avec les mots qui se terminent en "gu" au masculin. Aigu, au masculin, c’est tout simple : A.I.G.U. Pas de tréma.
C’est le même principe pour ambigu ou exigu, par exemple. Au masculin, juste GU à la fin. Mais au féminin ça se corse. Une voix aiguë, une pièce exigüe. On voit bien qu’on ne peut pas se contenter d’ajouter un e final, qui donnerait "une voix aigue", "une pièce exigue"… mais on ne sait jamais où mettre ce fichu tréma – et même on aurait bien envie de le mettre sur le u…
Mais, comme l’explique la définition du Larousse, c’est sur le e qu’il se place, puisque le tréma, je le répète "indique que la voyelle qui précède [donc ici le u] doit être prononcée séparément". C’est même ce qui explique l’un des pièges rigolos de l’orthographe française qui veut que le tréma d’ambiguë (au féminin) se mette sur le e tandis que sur ambiguïté il se met sur le i. Il évite que l’on prononce "ambigue" et "ambiguité".
Enfin, ça c’est l’orthographe traditionnelle, mais la réforme de 1990 dont nous parlons régulièrement a établi une tolérance : vous pouvez désormais mettre votre tréma sur le u si ça vous chante. Mais c’est tellement moins rigolo, non ?
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