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Agression au Louvre : ce que l'on sait de l'attaque des militaires à Paris

ÉCLAIRAGE - Un individu a agressé à la machette des militaires de l'opération Sentinelle en patrouille dans la galerie commerciale du Carrousel du Louvre à Paris, vendredi 3 février. Une attaque qualifiée d'"action terroriste" par le procureur de Paris, François Molins.

Un militaire blessé au Carrousel du Louvre à Paris le 3 février 2017
Un militaire blessé au Carrousel du Louvre à Paris le 3 février 2017
Crédit : Eric FEFERBERG / AFP
Agression au Louvre : ce que l'on sait de l'attaque des militaires à Paris
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Philippe Peyre & AFP

La France de nouveau visée par une action terroriste. Un homme a attaqué à la machette des militaires de l'opération Sentinelle en patrouille au Carrousel du Louvre (Ier arrondissement de Paris), galerie commerciale en sous-sol donnant accès au musée le plus fréquenté du monde. L'agresseur, qui a crié "Allah Akbar", a été grièvement blessé par les tirs d'un soldat. Il s'agit, selon le procureur de la République de Paris, François Molins, d'une "action terroriste" perpétrée par un individu "très déterminé". 

Le parquet antiterroriste a ouvert une enquête de flagrance pour "tentatives d'assassinats sur personne dépositaire de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroristes en vu de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteinte aux personnes", a précisé François Molins.

Le procureur n'a également pas manqué de rappeler que cette attaque est survenue deux ans jours pour jours après l'attentat au couteau de trois militaires de l'opération Sentinelle à Nice (Alpes-Maritime) qui se trouvaient en faction devant un centre communautaire juif. 

Comment s'est déroulée l'attaque

L'action a donc eu lieu à 9h50, vendredi 3 février. Alors que quatre militaires de l'opération Sentinelle patrouillaient dans le sous-sol du Carrousel du Louvre, dans une zone en amont du point de contrôle des sacs, l'individu porteur d'un sac à dos, d'un t-shirt noir affichant une tête de mort et d'une machette dans chaque main (machettes d'environ 40 cm chacune), les bras levés et pliés derrière la tête, s'est précipité sur eux en criant "Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand").

L'individu a frappé à la tête un premier militaire qui l'a repoussé. Il s'est ensuite jeté sur un autre militaire qui est tombé au sol et a tenté de lui porter des coups de machette. Ce militaire l'a repoussé à coups de pieds mais l'auteur s'est à nouveau redirigé vers lui. Le militaire a tiré une première fois vers la partie basse de son abdomen mais cela n'a pas suffit à l'arrêter. Ce n'est qu'après trois tirs que l'assaillant est finalement tombé au sol, très grièvement blessé. Il a été transporté à l'hôpital et son pronostic est encore "très engagé". "Les militaires ont scrupuleusement respecté la doctrine d'emploi d'usage des armes consistant, après sommation, en un premier tir dans le bas ventre destiné à neutraliser l'assaillant sans le tuer", a assuré le procureur de la République de Paris.

L'un des militaires, légèrement blessé au cuir chevelu, a été pris en charge à l'hôpital militaire Percy à Clamart (Hauts-de-Seine) et s'est vu prescrire dix jours d'interruption totale de travail (ITT). "Je peux vous dire qu'il va bien puisqu'il va rejoindre ce soir son unité", a affirmé le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian dans l'après-midi du 3 février. "Son moral est tout à fait déterminé", a-t-il ajouté. Les soldats, du 1er Régiment de chasseurs parachutistes (1er RCP) de Pamiers, font partie des 3.500 militaires de Sentinelle déployés à Paris.

Quel est le parcours du suspect ?

Si l'auteur n'avait aucun document d'identité sur lui, les enquêteurs ont pu saisir - outre les machettes et un sac à dos contenant des bombes aérosols de peinture - un téléphone portable dans une veste déposée en haut des marches du Carrousel du Louvre. C'est grâce à l'exploitation de ce précieux téléphone que les services antiterroristes ont pu l'identifier. Il s'agirait, selon nos informations, d'un Égyptien de 29 ans nommé Abdallah. 

C'est à l'automne 2016, le 30 octobre, que Abdallah E-H. a fait une demande de visa pour la France. Demande qui a été acceptée et le visa lui a été délivré le 8 novembre 2016 pour un séjour d'un mois : du 20 janvier au 20 février 2017. L'individu est donc arrivé légalement le 26 janvier 2017 à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle d'un vol en provenance de Dubaï, aux Émirats arabes unis. C'est dans un appartement situé dans le très chic VIIIème arrondissement de Paris qu'il a séjourné, pour un total de 1.700 euros. Son billet de retour vers Dubaï était prévu le 5 février. Deux jours après son arrivée sur le sol français, le 28 janvier, le suspect s'est rendu dans l'armurerie "Armes Bastille", située à proximité de la place de la Bastille (XIème arrondissement), pour acheter deux machettes d'environ 40 centimètres chacune. Une transaction réalisée à 17h31 et dont le montant total est de 680 euros. 

Inconnu des services de renseignement français, l'identité de l'auteur fait, pour l'heure, toujours l'objet de vérifications auprès des autorités égyptiennes pour déterminer si cet homme était fiché ou non par leurs services antiterroristes. 

Perquisition dans son logement

Une perquisition a eu lieu dans l'après-midi du 3 février à proximité des Champs-Elysées, dans la rue de Ponthieu (VIIIème arrondissement), là où se situe l'appartement dans lequel a séjourné l'auteur de l'attaque. Les enquêteurs ont trouvé dans ce logement une somme de 965 euros, deux étuis - ceux des deux machettes -, la facture d'achat de ces armes, un pull qui est celui qu'il portait le jour de l'achat de ces même armes, un iPad, des cartes prépayées, une batterie autonome de téléphone, un passeport égyptien dans lequel figurent un visa pour l'Arabie Saoudite et la Turquie ainsi qu'un permis de résident aux Émirats arabes unis, un permis de conduire et une carte bancaire des Émirats arabes unis.

Des milliers de personnes confinées

Au moment des faits, pas moins d'un millier de personnes se trouvaient dans la galerie marchande du Carrousel. Le temps que tout danger soit écarté et que les démineurs s'assurent que les deux sacs à dos de l'assaillant ne contenaient pas d'explosifs, l'ensemble des individus présents ont été confinés. Ils ont pu être libérés par groupe peu après la mi-journée. "Ils [les policiers, ndlr] nous ont fouillé à la sortie mais c'était très calme. Ils nous ont d'abord parlé d'un incident et d'une alerte, puis après on nous a expliqué", a indiqué un employé du Louvre sous couvert d'anonymat.

À l'extérieur, le quartier a été rapidement bouclé. De