Abus sexuels dans l'Église : "Il est important de briser le silence" dit Alain Cordier

Des associations de victimes, des films, des livres... Le scandale des abus sexuels dans l'Église, sur les mineurs comme sur des personnes majeures, religieux et religieuses ou laïques, ne sont plus à prouver. L'Église catholique en France a néanmoins décidé de créer une commission indépendante pour faire la lumière sur ces abus. "Écouter les victimes est notre première mission, explique l'un de ses membres, Alain Cordier, sur RTL. 

"Nos deux autres missions sont de comprendre comment et pourquoi ces agressions ont-elles eu lieu et nous ferons des préconisations pour que cela cesse", ajoute celui qui est par ailleurs membre du Comité national d'éthique. La Commission va entamer ces jours-ci un tour de France, dans les grandes villes, les paroisses pour se faire connaître, expliquer sa méthode de travail et inciter davantage de victimes, un maximum de victimes à se manifester.

"C'est difficile, c'est long, c'est pourquoi notre mission est de briser le silence, explique Alain Cordier. Il nous faut plusieurs sources d'information, donc nous avons pris le parti de nous déplacer." La commission va aussi s'appuyer sur les archives des diocèses, des tribunaux, des journaux, pour faire un état des lieux le plus vaste possible. 

Pour témoigner auprès de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (la CIASE), il est possible d'appeler le 01 80 52 33 55, d'envoyer un mail à victimes@ciase.fr ou d'écrire une lettre à Service CIASE – BP 30 132 – 75525 Paris cedex 11. 

Déjà quelque 2.200 témoignages déjà reçus

La Commission a reçu quelque 2.200 témoignages depuis l'appel lancé le 3 juin. Cela veut dire, 20 appels, mails ou lettres par jour, y compris au cœur de l'été... C’est considérable dit le président de la commission Jean-Marc Sauvé mais il est convaincu "qu’il y a en fait beaucoup de victimes qui ne se sont pas encore exprimés, nous savons qu’il est bien sûr très difficile de sortir du silence, beaucoup de victimes n’ont jamais parlé, même pas à leur conjoint ou leurs parents de ce qu’il leur est arrivé."

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Deux tiers des personnes qui contactent la commission sont des hommes, la grande majorité à plus de 50 ans, voire plus de 70. Certains de leur témoignage seront bientôt publiés sur le site internet de la commission pour susciter d'autres témoignages de victimes.  "Elles comprendront, dit Jean-Marc Sauvé, que nous sommes vraiment à leur écoute et qu’elles peuvent parler en confiance."

Des cas transmis à la justice

Ce n'est pas seulement un travail d'inventaire mais aussi de reconnaissance des victimes explique le président de la Commission : "Ce que nous entreprenons de construire c’est une sorte de mémorial de la souffrance des victimes, connaître ce qui s’est passé, comprendre ce qui s’est passé, pour que ces affaires qui ont été dramatiques ne se reproduisent pas."

La commission n’a pas pour mission de faire des enquêtes sur les faits révélés par les victimes. Lorsque que les abus relatés ne sont pas prescrits et que l’auteur présumé est encore en vie, la Commission transmet le signalement à la justice. Elle a déjà signalé un cas au parquet et s’apprête à en communiquer 15 autres.