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Somme : une cellule de la gendarmerie dédiée aux violences sexuelles

La gendarmerie d'Ailly-sur-Noye (Somme) a mis en place depuis janvier 2018 la cellule de lutte contre les atteintes aux personnes (CLAP) pour traiter rapidement les affaires de violences sexuelles.

Un gendarme (illustration).
Crédit : MYCHELE DANIAU / AFP
Marie Zafimehy & AFP
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L'acronyme est entré dans le vocabulaire courant des gendarmes : la CLAP, cellule de lutte contre les atteintes aux personnes. Basée à Ailly-sur-Noye (Somme), cette cellule expérimentale, inédite en France, a fait de la lutte contre les violences sexuelles sa spécialité. 

Ouverte en janvier 2018, cette cellule locale couvre six brigades, sur un territoire de 90 km d'Ouest en Est et de 30 km du Nord au Sud. Ailly-sur-Noye a été choisi pour sa position centrale. 

La CLAP est composée de trois gendarmes, un homme et deux femmes, "des volontaires, choisis pour leurs compétences professionnelles et, surtout, leur empathie à écouter les victimes", explique le capitaine François Bolzé, commandant de gendarmerie de la compagnie de Montdidier, qui coordonne la cellule. 

Désireux de "donner une réponse aux victimes", les trois militaires traitent en priorité des affaires de violence et agression sexuelle, viol ou corruption de mineurs. Selon la CLAP, 85% des victimes prises en charge sont des mineurs, les deux tiers étant des filles. 

Quand nous avons commencé, nous avions 40 dossiers en souffrance, certains vieux de deux ans

Mélodie, gendarme membre de la CLAP
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Sa création est partie d'un constat : les affaires de violences sexuelles s'entassent sur les bureaux des gendarmes et mettent des mois à être traitées. "Quand nous avons commencé, nous avions 40 dossiers en souffrance, certains vieux de deux ans. Pour les victimes, c'est très dur d'attendre aussi longtemps", relève Mélodie, présente depuis les débuts de la CLAP. 

Depuis le début de l'année, 78 victimes ont été prises en charge, contre 62 sur l'ensemble de 2018. "Il arrive souvent que lorsqu'une victime ou un tiers se présente en gendarmerie pour évoquer des agressions sexuelles, les militaires soient mal à l'aise avec ce type d'affaire sensible. On ne traite pas de la même manière un rétroviseur cassé ou un conflit de voisinage et une affaire de petite fille agressée par son grand-père", note le capitaine Bolzé.

Un protocole spécial

Les locaux d'Ailly-sur-Noye sont équipés d'une salle d'audition spéciale. Un canapé, une table basse, des jouets, des feutres et des feuilles... Un cocon pour que les enfants puissent s'exprimer. La vitre sans tain permet à un enquêteur d'observer l'audition, une caméra filme l'entretien. 

Mais ce qui fait la force de la cellule, c'est aussi sa mobilité. "Si un témoin habite hors de notre zone, nous allons l'auditionner chez lui, ce qui permet d'accélérer la procédure, réduite de quatre à cinq mois à quatre semaines", explique Alicia, arrivée dans la CLAP en juin 2018. 

Elle a suivi une formation technique de quelques jours auprès de gendarmes et psychologues pour écouter les très jeunes victimes, avec un protocole spécial. "Au début de l'audition, je passe 10 à 15 minutes à questionner l'enfant sur ce qu'il a fait la veille ou l'avant-veille. Je lui demande de me détailler sa journée, ce qu'il a mangé, quels dessins animés il a regardés, avec quels jouets il s'est amusé... Ensuite, lorsque je lui pose des questions sur les faits subis, inconsciemment, il a cette mécanique de me donner tous les détails". 

Nous recevons souvent des coups de fil d'autres gendarmeries qui souhaitent s'en inspirer

Alicia, gendarme membre de la CLAP

Les avocats connaissent encore mal la CLAP. "Bien souvent, nous voyons les victimes une fois leur plainte transmise au parquet", explique Me Christine Hamel, avocate à Amiens. "Mais tout ce qui peut permettre aux victimes d'accélérer leur prise en charge est bon à prendre car souvent, quand une personne porte plainte, elle a besoin d'être écoutée rapidement. Sinon, elle peut se décourager car il y a toujours un sentiment de culpabilité". 

Depuis janvier, la CLAP a pris en charge 78 victimes. De plus, 55 mis en cause ont été entendus, dont 11 sous le régime de la garde à vue. Son action a été jugée efficace et, début septembre, une cellule similaire a été ouverte à Saint-Valéry-sur-Somme. La gendarmerie envisage d'en ouvrir une troisième à Péronne. 

Un modèle qui pourrait essaimer en France. "Nous recevons souvent des coups de fil d'autres gendarmeries qui souhaitent s'en inspirer", affirme Alicia. "Dans l'Oise, un groupe de ce type a ouvert mais, lui, n'est pas permanent". 

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