Le droit à la déconnexion est en train de conquérir l’Europe. C’est le prestigieux Financial Times qui remarque cela, en soulignant le rôle de pionnier de la France. Chez nous, depuis le 1er janvier 2017, les entreprises de plus de 50 salariés sont tenues de protéger leurs troupes contre les excès de mails. Elles doivent mettre en place ce fameux droit à la déconnexion si les représentants du personnel le demandent.
Ce droit qui autorise les salariés à ignorer toute communication leur parvenant en dehors de leurs horaires de travail. Depuis, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et plus récemment la Belgique, ont suivi. Le parlement européen a également voté un texte visant à promulguer ce droit dans toute l’Europe.
Avant le texte français, seules certaines entreprises proposaient ce genre de dispositions. Volkswagen avait commencé dès 2012 à programmer ses serveurs internes pour ne permettre l’envoi d’emails que 30 minutes avant le début de la journée, et au plus tard 30 minutes après la fin du service. Chez Daimler, à partir de 2014, les salariés en vacances ont eu la possibilité de faire détruire automatiquement tout e-mail leur étant adressé. L’expéditeur en était prévenu par un message, avec le cas échéant les coordonnées d’un collègue ou d’un assistant qui, lui, n’était pas en congé.
La mise en œuvre d'une telle disposition est difficile dans les entreprises, et encore plus en télétravail. Le propre du télétravail, c’est de brouiller la frontière entre l’activité professionnelle et la vie privée, puisque les deux se déroulent sur le même lieu. C’est alors d’autant plus nécessaire de déconnecter, sans quoi la vie devient intenable. On a constaté ces derniers mois une nette augmentation des burn-out, des dépressions passagères causées par le stress professionnel, en particulier chez les managers. Et l’une des causes est la difficulté à profiter de son temps libre.
Mais un texte de loi ne règle pas tous les problèmes, car on ne peut pas tout codifier, surtout alors que les horaires de travail s’individualisent. Le droit à la déconnexion initié par l’entreprise fonctionne pour une collectivité homogène, moins bien pour un groupe d’individus qui travaillent chacun à leur rythme. Dans ce cas de figure, c’est à l’individu de dire "stop" et de le faire entendre à ses collègues et sa hiérarchie, lorsqu’il a fini son travail. C’est difficile à dire, ça peut être mal compris, il faut une vigilance particulière de la part des chefs pour accepter cela.
Il faut que les managers apprennent à ne pas mesurer le travail de leurs troupes seulement avec un nombre mesurable d’heures de disponibilité, qui n'est qu’un seul des critères de l’efficacité au travail, le fait de remplir ses objectifs compte au moins autant, pour les emplois qui s’y prêtent.