Un projet de loi sera présenté avant les élections législatives, a dit Olivia Grégoire, la nouvelle porte-parole du gouvernement. "On va mettre à profit les 3 semaines de réserve durant lesquelles les ministres ne peuvent plus parler pour ficeler ce texte qui sera voté avant l'été". Voilà ce qu'on dit dans les couloirs de Bercy.
Cela vire à l'obsession du côté des Français et les prochaines semaines seront encore pires.
Prenons la seule journée de lundi pour bien comprendre. Je vais faire ressortir toutes les informations qui se
sont éparpillées dans la journée et qui devraient nous alerter sur les mois qui
viennent.
Première info : la semaine dernière, le litre de Sans Plomb 98 est repassé au-dessus des 2 euros, malgré la ristourne gouvernementale de 18 centimes. Les autres carburants n'en sont pas loin. Trois milliards évaporés. Les versements sur le Livret A ralentissent car l'épargne est plus difficile. Et la patronne du FMI annonce un coup de frein de l'économie cette année.
Tout va dans le même sens : les prochains mois (l'été et surtout septembre) seront très difficiles pour le porte-monnaie des Français.
Bruno Le Maire a reçu les partenaires sociaux à Bercy pour leur demander de mettre la main à la poche. L'État ne peut pas continuer à subventionner le plein de carburant, la facture de gaz et d'électricité et bientôt les courses au supermarché. Le gouvernement a déjà dépensé 26 milliards et on voit bien que ça n'empêche pas le prix de l'essence de remonter. Et les nouvelles mesures de cet été vont encore nous couter une dizaine de milliards.
On n'appelle plus cela le "quoi qu'il en coute" mais c'est le "quoi qu'il en shoote". On est
accroc aux subventions publiques. Il faut donc que les entreprises
fassent vraiment leur part du travail. Et pour l'instant, on n'est pas
tout-à-fait au niveau.
Mais le problème de Bruno Le Maire, c'est qu'il n'a aucun pouvoir sur les chefs d'entreprises pour leur imposer ces hausses de salaires. Il peut, en revanche, les inciter avec des mesures d'allègement de charges.
C'est ce que va faire le gouvernement avec son nouveau plan "pouvoir d'achat". D'abord, en amorçant une baisse de 7 milliards des impôts des productions pour que le "made in France" soit aussi compétitif que des pays comme l'Allemagne. Puis, en triplant la prime Macron. La CPME assure que la moitié des petites et moyennes entreprises l'ont versée depuis qu'elle est mise en place. L'organisation demande que le paiement de cette "triple prime" soit réglé en 3 fois pour lisser son coût. Pourquoi pas ? Enfin, en allégeant encore les charges sur les heures supplémentaires car beaucoup d'entreprises croulent sous les commandes mais n'arrivent pas à fournir faute de bras ou faute de matériaux. Allons-y ! Si les salariés en profitent.
Pour faire face à la hausse des prix, il va sans doute falloir un
meilleur partage des richesses. L'an dernier, la rémunération des patrons du
CAC40 a été multipliée par deux. On a parlé de Carlos Tavares mais il n'est pas
le seul.
On ne peut pas se contenter de
regarder l'étude annuelle d'OXFAM et se dire que le monde fonctionne
normalement quand vous avez un nouveau milliardaire, dans le monde, toutes les
30 heures. Mais qu'à peu près dans le même lapse de temps, vous avez aussi 1
million de pauvres en plus.
Alors, il y a une idée qui a du sens et
qui mérite d'être poussée, le "dividende salarié", défendue par
Thibault Lanxade et reprise par Emmanuel Macron : obliger les entreprises qui
versent des dividendes à réserver une part des bénéfices à leurs salariés. Bien
sûr ça ne concernera pas tous les travailleurs du pays, mais ce serait le début
d'une redistribution.
On peut demander aux Français de
travailler plus, mais ils peuvent aussi espérer gagner plus.
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