Une dilution puis des fusions. Mardi 24 mai, Air France-KLM a annoncé une
augmentation de capital. Cela signifie, première conséquence, que les petits
actionnaires vont être dilués. Leur portefeuille d'actions va perdre de sa
valeur.
Si on met une dose de Pastis dans 5
volumes d'eau - avec modération - cela a plus de goût que si on met une dose de
Pastis dans 10 volumes d'eau. C'est ça la dilution à la bourse.
Les nouveaux titres Air France-KLM
n'ont pas la même valeur que les anciens.
Ce n'est donc pas une sanction par rapport à la stratégie de l'entreprise, au contraire. L'augmentation de capital d'Air France-KLM de plus de 2 milliards est même une excellente nouvelle pour la compagnie. Simplement, les actionnaires doivent garder leur calme. PNC aux portes, des masques à oxygène vont tomber automatiquement devant vous. Le titre valait 14 euros il y a 5 ans, il est à 3 euros 45 ce matin. C'est le niveau que le titre avait déjà à la même date en 2012.
Intérêt majeur. Vital. Après la dilution, voilà les fusions. Après cette augmentation de capital, vous aurez trois actionnaires majeurs au sein d'Air France-KLM : l'État français (28,6%), l'État néerlandais (9,3%) et un nouveau : la CMA-CGM (9%). Le géant du Fret maritime de Marseille fait son entrée et dépasse les compagnies China Eastern et Delta Airlines.
L'arrivée de la CMA-CGM va
permettre d'aller plus loin dans l'activité de Fret et de logistique - avion,
trains, camions, bateaux. C'est un marché qui a explosé depuis la pandémie.
CMA-CGM a besoin de se renforcer dans l'aérien pour apporter des marchandises
de Chine par avion quand les ports sont fermés comme on l'a vu à Shangaï. Et
Air France a besoin d'un spécialiste de ce secteur pour valoriser ses avions.
C'est du Gagnant-Gagnant.
Il y a, en ce moment, de
formidables affaires à faire sur le marché de l'aérien. De belles compagnies
qu'on peut acheter à bon prix car elles ont été mises à terre par la crise du
Covid-19. Air France a des vues sur ITA, la
compagnie italienne qui a remplacé ALITALIA après sa faillite. Air France
s'intéresse aussi à Air Europa qui couvre l'Amérique du Sud ou encore à la roumaine
TAROM. Ce sont de bonnes affaires, des
compagnies qui complètent son offre.
Mais pour les acheter, Bruxelles a
imposé à Air France-KLM d'avoir déjà remboursé les 3/4 des aides publiques
qu'elle avait reçues, ces dernières années. Air France va donc utiliser
l'argent de l'augmentation de capital pour rembourser en grande partie l'État,
acquérir de belles compagnies et acheter des avions neufs pour consommer moins
de kérozène, émettre moins de CO2 et équiper sa filiale "low cost" Transavia.
L'entreprise est en capacité d'acheter des compagnies concurrentes. Elle doit se positionner car ses principaux adversaires - Lufthansa et IAG (British Airways et Ibéria) - sont dans la même stratégie. Et puis, le secteur aérien se remet finalement plus vite que prévu du Covid-19. On l'imaginait convalescent jusqu'en 2024. Finalement, il y a quelques jours, Ben Smith, le patron d'Air France-KLM annonçait des avions pleins à 85% cet été avec même une offre plus importante qu'en 2019 (avant Covid-19) sur l'Amérique du Nord et le Mexique qui marchent très bien.
Depuis 2020, la France et la
Hollande ont quant à eux déboursé 15 milliards d'euros pour soutenir Air France-KLM. D'autres pays européens ont décidé
de laisser tomber leur pavillon national. La France est restée au capital et
aux côtés de sa compagnie. Elle a sans doute eu raison.
Pendant longtemps, Air France a été
la "danseuse de la République". On comblait ses déficits, on lui
pardonnait d'avoir raté le "low cost", on oubliait ses grèves interminables avec
des pilotes "enfants gâtés", on lui demandait de servir d'auxiliaire
diplomatique en assurant des lignes déficitaires dans certains pays.
Aujourd'hui, la compagnie est
mondiale, positionnée sur les principaux métiers de l'aérien et du transport,
les rapports entre Français et Néerlandais sont apaisés, elle peut faire voler
des compagnies à bas prix sans grève à Noël, elle a les moyens de participer à
la consolidation du secteur aérien. Air France vole peut-être enfin de ses
propres ailes.
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