Régulièrement au cœur de polémiques, Cyril Hanouna est de nouveau sur le devant de la scène. Cette fois-ci, la tempête a pour origine un monologue de l'animateur sur le financement de l'audiovisuel public, et son budget de 3,8 milliards d'euros. Cinq minutes durant, le présentateur déroule un réquisitoire contre France Télévisions et Radio France.
Sur le plateau de Touche pas à mon poste ce lundi 16 janvier, Cyril Hanouna révèle que les contribuables français paieraient "de leur poche" 4 milliards d'euros pour assurer le bon fonctionnement des radios et des chaînes de télévision qui appartiennent à l'État. "Privatisez-moi ça !" s'est-il insurgé contre un budget qu'il préfèrerait voir allouer aux voitures de la police nationale.
Pour rappel, l'animateur-producteur officie sur C8, qui fait partie du groupe Canal+, propriété du milliardaire Vincent Bolloré. En plus de juger sévèrement le financement du service public, il poursuit par une critique cinglante de leur travail : "Ils ne font rien, ils ne font que critiquer". Il considère par ailleurs que son programme est plus utile aux téléspectateurs.
L'attaque frontale de Cyril Hanouna est en réalité une réponse aux propos de la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, dans un entretien donné au journal Le Monde. Interrogée sur les débordements fréquents de celui que ses amis appellent "Baba", elle estime que "face au chaos informationnel que nous connaissons", la solution serait de "responsabiliser les présentateurs, les chroniqueurs, mais aussi les patrons de chaînes, pour leur rappeler que l’autorisation d’utilisation gratuite de leurs fréquences s’accompagne d’obligations comme [...] celle de respecter le pluralisme des opinions".
Un rappel qui n'a visiblement pas été au goût du chef de bande de Touche pas à mon poste, dont la sortie a provoqué un nouveau raz-de-marrée médiatique. Son injonction à la privatisation du service public n'a été appréciée ni par les journalistes, ni par les politiques. À l'exception de certaines personnalités d'extrême droite, comme Éric Zemmour : "Cyril Hanouna a totalement raison. Et encore, il ne parle pas de la propagande que nous fait subir le service public audiovisuel… Privatisons-le, comme je le réclame depuis des années !", a-t-il tweeté.
Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, a ainsi défendu sur Twitter que les médias publics "servent les Français par l'accès libre et gratuit à l'information, la culture et le financement de la création". Par ailleurs, elle rappelle que "c'est justement sur le service public que Cyril Hanouna (TPMP ndlr) a commencé !". De plus, la société de production de l'animateur a aussi des programmes sur le service public.
La députée Nupes du Val-de-Marne Sophie Taillé Polian indique à son tour que "contrairement à son émission, l'audiovisuel public apporte une information de qualité, un débat contradictoire, une indépendance vis-à-vis des puissances de l'argent". Un discours similaire est tenu sur le réseau social parmi les professionnels de l'information qui dénoncent un "populisme", à l'image du journaliste de franceinfo Julien Pain, qui propose à Cyril Hanouna de lui "expliquer ce qu'est un média public".
Prise pour cible par le présentateur de C8, Sibyle Veil, à la tête de Radio France depuis 2018, a commenté l'extrait par un laconique : "La société du défouloir", dans un tweet publié après la diffusion de l'émission. Mais le lendemain, mardi 17 janvier, Cyril Hanouna en a remis une couche en précisant : "Ceux qui me dérangent, c'est Radio France". Avant d'enchaîner : "Quand on est dans la merde, il faut voir où on peut récupérer de l’argent".