Le "Petit Père des peuples" est l’un des personnages les plus fascinants de l’histoire du monde : rien que ça ! Dissimulateur né, ambitieux sans limites, paranoïaque jusqu’aux pires extrémités, criminel sans remords : depuis son bureau du Kremlin, Staline a façonné des décennies durant le destin de la Russie, celui de l’Europe centrale et orientale comme celui de l’Asie.
Comment Staline s'est-il comporté face à Hitler ? Ce dernier, vous le savez, son fonds de commerce, c’est l’anticommunisme, qu’il considère comme un crime contre la civilisation. Mélangeant tout et voyant des conspirateurs partout, Hitler s’est persuadé que les communistes sont aux mains des Juifs qui visent la domination mondiale. Éradiquer le communisme et se débarrasser des Juifs : même combat.
De son côté, Staline pense que les nationaux-socialistes d’Hitler sont à la solde des capitalistes qui veulent détruire la Russie devenue la patrie du socialisme. Voilà l’ambiance paranoïaque dans laquelle nos grands-parents, qu’ils soient politisés ou pas, ont baigné dans les années 30.
Staline et Hitler se regardent donc en chiens de faïence. Ils ne s’aiment pas mais ils ont un point commun : un insatiable appétit de puissance et la conviction qu’ils vont changer la face de l’humanité. Face à eux se dressent des démocraties fragiles : la France, la Grande-Bretagne, la Tchécoslovaquie et les lointains États-Unis. Nos deux compères se reniflent, s’apprivoisent... Entre dictateurs, on sait se comprendre.
D’ailleurs, lorsqu’en 1934 Hitler fait assassiner ses opposants lors de "la nuit des Longs Couteaux" - un nom qui dit tout - Staline déclare devant son Politburo : "Cet Hitler, quel grand homme ! Voilà comment il faut traiter ses adversaires politiques !". Rien d’étonnant à ce que les deux hommes s’entendent secrètement pour se partager l’Europe, à commencer par la Pologne, quand la Seconde Guerre mondiale éclate. Le pacte germano-soviétique stupéfie les Français et les Britanniques, mais il est trop tard.
Je ne vous ferai pas ici le récit jour après jour de la guerre 39-45. Retenons tout de même que ce qui devait arriver arriva : le 22 juin 1941, Hitler lance l’opération "Barbarossa", c’est-à-dire l’invasion de l’URSS. La confrontation suprême est engagée.
Staline n’a pas vu le coup venir. Jusqu’au dernier moment, il n’y a pas vraiment cru. En tout cas, pas une attaque à ce moment-là. Alors, on a longtemps raconté qu’il était resté prostré les premiers jours de l’invasion. En fait, il a travaillé, essayé de repousser l’ennemi, mais de façon brouillonne, avec une armée qu’il avait lui décapitée en faisant exécuter ses chefs quatre ans auparavant !
La lutte va durer quatre longues années et faire 27 millions de morts sur le sol soviétique. Siège douloureux de Leningrad - l’ancienne capitale des tsars, combat gigantesque de chars à Kharkov, bataille épique et hautement symbolique de Stalingrad : la "Grande Guerre patriotique" voit les Russes se grouper derrière Staline, qui se trouve forcé d’adoucir la dureté de son régime. Lui, le communiste qui entendait parler aux peuples du monde, se compare désormais au tsar Ivan le Terrible et ne parle plus que de défendre la patrie russe éternelle.
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