Nous parlons de mots bien particuliers, ce dimanche 2 juin. L’idée m’en est venue en corrigeant un article du Monde sur le film qui a remporté le prix de la mise en scène à Cannes : Grand tour, de Miguel Gomes. Il y était question du Portugal, patrie du cinéaste, décrit comme “le pays de la saudade”. Et je me suis dit : “Tiens, ça veut dire quoi exactement, saudade ?”
(Oui, aujourd’hui, je réponds à une question que je me suis posée à moi-même).
Eh bien, sachez que le mot est entré dans l’usage en français depuis 1926 quand même, et qu’il est dans tous les dictionnaires. Pour le Robert, la saudade est un “sentiment triste et doux, mélancolie mêlée de rêverie et d’un désir imprécis”. Pour le Larousse, c’est un “sentiment de délicieuse nostalgie”. Mais quelle meilleure définition de la saudade que la magnifique chanson de Cesaria Evora ? Certes, c’est flou, comme définition, mais c’est ce qui fait de saudade un mot unique, un mot intraduisible, en fait.
Il y a d’autres termes comme ça qui n’ont pas d’équivalent en français. J’adore ce genre de mots. Par exemple, comment appelez-vous la trace de buée que laisse sur une table un verre de boisson fraîche ? Vous ne l’appelez pas, n’est-ce pas ? Normal, il n’y a pas de mot pour le dire en français. Les Italiens, ces amateurs de bonnes et belles choses, sont les seuls à en avoir un, c’est le culaccino. On adopte ? Les Allemands, eux, ont inventé, en partant du mot schnaps, le nom de Schnapsidee pour désigner une idée qui vous vient quand vous avez trop bu, ou par extension n’importe quelle idée un peu débile.
Je ne sais pas vous… moi, j’en connais, des gens qui ont des Schnapsidee ! Vous voyez, encore un mot qu’on devrait importer ! Ou alors, il faut lui inventer un équivalent français. Une idée-pastis ? Une beaujolidée ?
Plus poétique, les Japonais ont un terme pour décrire, écoutez cela, “la lumière du soleil filtrant à travers les feuilles des arbres” : c’est le komorebi. Joli, non ? Et en espagnol, je viens de découvrir qu’il existe un mot pour désigner l’émotion intense qu’on peut ressentir devant une œuvre d’art, c’est le duende. Il y a un théâtre à Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, qui s’appelle comme ça, et je ne savais pas pourquoi.
Ah, et j’ai découvert un mot finnois assez unique lui aussi – je ne suis pas trop sûre de la prononciation… ça s’écrit kalsarikäänit ! Ce mot désigne une situation très précise : c’est le fait de boire trop, en solitaire, chez soi, et précision suprême : en sous-vêtements !
À l’exception de saudade, aucun de ces mots n’est dans nos dictionnaires. S’ils vous plaisent, savez-vous ce qu’il faut faire pour qu’ils y entrent, amis des mots ? Les utiliser ! C’est tout. (Bon, pour le kalsarikäänit, on peut, peut-être, s’en passer. Ce doit être une coutume spécifiquement finlandaise.)
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