Orthographe : faut-il écrire "emprunt" ou "empreint" ?

Je réponds à un message de Michelle, sur Facebook. Cette amie des mots m’écrit qu’en voulant dépeindre un lieu empreint de poésie elle s’est aperçue qu’empreint ne s’écrivait pas comme elle l’aurait cru. “Je pensais à emprunt (avec un U)”, précise Michelle, alors que dans ce cas c’est EI : empreint.

Eh oui, il y a deux emprunts/empreints… et d’ailleurs aussi deux empruntes/empreintes. Bref encore un joli paquet d’homophones (ces mots qui se prononcent de la même manière) qui ne sont pas des homographes (donc qui s’écrivent différemment), et qui en profitent pour nous faire des blagues orthographiques.
Le premier emprunt, avec un U, est tiré du verbe emprunter, un verbe issu du latin que l'on trouve dès le XIIe siècle en français et qui a d’ailleurs un temps signifié "prêter" – oui, l’inverse d’aujourd’hui, où il signifie "se faire prêter quelque chose", que ce soit un objet ou de l’argent (un emprunt bancaire).
Mais emprunter avec un U, c’est aussi, détaille Larousse.fr, "user de quelque chose dont on n’est pas le créateur, qui a son origine ailleurs", avec cet exemple littéraire : "Racine a emprunté des métaphores aux tragiques grecs". On peut dire aussi que le mot parking est un emprunt à l’anglais, pizza un emprunt à l’italien. On dit parfois également qu’on emprunte une route, un sens étonnant, quand on y pense. Surprenant encore, la forme passive "être emprunté", comme dans “Il a l’air d’être tout emprunté dans son costume neuf”, là ça veut dire "mal à l’aise, embarrassé".

Empreinte digitale

Le second empreint, EINT, est de la famille d’empreindre, celui qui a donné l’empreinte digitale ou l’empreinte de pas. Empreindre, verbe considéré comme littéraire, c’est, toujours selon mon ami Larousse, "marquer profondément quelque chose", avec l’exemple "la pénombre empreignait ses traits de gravité". Etre empreint de quelque chose, c’est en être marqué, "en porter l’empreinte". Cet empreint-là est issu du latin imprimere, qui veut dire "appuyer sur", et qui a donné aussi, devinez quoi, amis des mots… Eh oui, imprimer, imprimerie, impression, imprimeur, imprimante, toute cette famille de mots, puisque le principe de l’imprimerie, au départ, à l’époque de Gutenberg et jusqu’au XXe siècle, c’était bien d’appuyer une feuille avec une presse à imprimer sur des caractères en relief enduits d’encre. Une presse à imprimer qui a donné son nom à la presse, bien sûr : la presse quotidienne, la presse périodique, nos journaux quoi.

Allez, pour finir, mon truc pour ne plus confondre emprunt U.N.T. et empreint E.I.N.T ? Celui avec un U est de loin le plus courant, mais souvenez-vous que l’empreint qui veut dire “imprimé” est celui qui a un I… comme imprimé.

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