Orthographe : faut-il écrire "ouvres-moi" ou "ouvre-moi" la porte ?

Je parle souvent des bonnes blagues du français, mais la plupart du temps, ce n’est pas moi qui en fais les frais. Là quand même, j’ai été vexée ! L'impératif m'a fait un croche-pied, figurez-vous – je compte sur votre discrétion, amis des mots, on est entre nous...

Invitée par un média local à l'occasion de la Semaine de la langue française, j’étais en train d’expliquer la règle de l'impératif, que j’ai déjà expliquée ici, mais j’imagine qu’une petite piqûre de rappel ne sera pas de trop…

Voilà : dans la plupart des cas, c'est simple, l’impératif se conjugue comme l’indicatif – Tu fais du café au présent de l’indicatif donne Fais du café à l’impératif, Nous mangeons des tartines donne Mangeons des tartines.

Sauf qu’il y a des exceptions, comme toujours… Les verbes du premier groupe (ceux qui se terminent en ER) et le verbe aller, qui, commodément, se termine aussi en ER bien qu’il soit du 3e groupe, ne prennent pas à l’impératif le S à la 2e personne que l’on connaît bien à l’indicatif : Tu prépares le petit déj donne Prépare le petit déj, et Tu vas à la boulangerie donne Va à la boulangerie.

Et le verbe cueillir ?

C’est là que quelqu’un a demandé : "Et le verbe cueillir ?". Mince, le verbe cueillir ! Eh oui, il y a d’autres exceptions, que j’avais oublié de mentionner ! Le verbe cueillir ne prend pas de S à la deuxième personne non plus.

En fait, il y a une petite bande de verbes du 3e groupe, le groupe de ceux qui se conjuguent comme ça leur chante, qui se comportent comme les verbes du 1er groupe. Ce sont les verbes assaillir, défaillir, offrir, souffrir, tressaillir, ainsi que couvrir, cueillir, ouvrir et tous les verbes de leur famille (recueillir, accueillir, recouvrir, découvrir…).

Donc on écrit "Tu cueilles une fleur" avec un S à cueilles, mais "Cueille une fleur" sans S… Et Offre-moi un café, sans S à offre, Ouvre la porte sans S à ouvre.

Et n’oublions pas, pour en finir avec les impératifs qui n’ont pas la gentillesse de se conjuguer comme l’indicatif, ces capricieux de verbes avoir, être, savoir et vouloir, qui, eux, préfèrent emprunter leur impératif au subjonctif présent…

Prenons savoir. On dira Tu sais que je préfère le thé, mais à l'impératif on dira Sache que je préfère le thé. Cette forme est la même que celle du subjonctif : que tu saches.

Bon, vous allez me dire que finalement, l’impératif, c’est la foire aux exceptions. N’oublions pas quand même que 90 % des verbes français sont du premier groupe… donc ne prennent pas de S à la 2e personne à l’impératif. Tu aimes les croissants donne Aime les croissants, sans S à aime… mais avec un S à croissants, que nous aimons au pluriel, bien sûr !

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