Un ami des mots prénommé Jean-Michel, de La Tranche-sur-Mer, rebondissant sur ma chronique de la semaine passée, où j’évoquais le rapport entre barbare et barbarisme, s’interroge sur "ce qu’est un barbarisme, et la différence avec une simple faute de français".
Cher Jean-Michel, soyons clairs, un barbarisme, c’est une faute de français. Pour le Petit Robert, c’est même très exactement une "faute grossière de langage", ou l’emploi de mots "déformés".
Si je dis aRéoport au lieu d’aéroport, je commets un barbarisme, ou aRborigène au lieu d’aborigène, ou diSgression au lieu de digression. Ces inversions ou ces ajouts de lettres, sont, plus précisément, des barbarismes lexicaux, ceux qui ont à voir avec ce qu’on appelle le lexique (le lexique, c’est tout bêtement l’ensemble des mots d’une langue). On commet également un barbarisme lexical quand on se trompe de genre.
À ce sujet, je pense que je ne l’ai pas assez répété car, rien que cette semaine, Liliane, et puis Françoise et Jérôme, de Déols, dans l’Indre, m’ont écrit pour se plaindre d’entendre (y compris sur l’antenne de RTL, et ça c’est horrible !) : "Un espèce de quelque chose". Rappelons donc qu’espèce est féminin : mon grand frère est UNE espèce d’abruti, ce type est UNE espèce de voleur… Autre barbarisme fréquent : la confusion entre deux mots qui se ressemblent : on entend souvent parler de tête d’oreiller au lieu de taie d’oreiller, par exemple… sans doute parce qu’on pose la tête dessus !
Une langue, c’est un lexique (des mots) et une grammaire, c’est-à-dire l’ensemble des règles qui permettent de former des phrases à partir de ces mots. C’est pourquoi, en dehors des barbarismes lexicaux, il y a des barbarismes qu’on appelle grammaticaux, par exemple quand on se trompe dans un pluriel ou une conjugaison - des festivaux au lieu des festivals, des émails au lieu des emaux, si l’on dit tu courriras au lieu de tu courras… ce sont des barbarismes grammaticaux.
Mais, pour l’anecdote, voici l’exemple de barbarisme que donne le Robert : le verbe solutionner, comme dans "solutionner un problème". Vous me direz : "C’est un barbarisme, ça ? On l’entend tout le temps !" Pourtant, c’en est un. On dit "résoudre un problème". Néanmoins, à la lettre S, vous trouverez le verbe solutionner dans le Robert, tout comme dans le Larousse, simplement avec la mention "emploi critiqué".
Alors ? Alors, cette mention, et dans deux dictionnaires, eh bien, c’est le premier pas vers une entrée en bonne et due forme dans le lexique officiel. Solutionner, tout le monde l’emploie, eh bien, un barbarisme que tout le monde utilise… c’est un barbarisme qui a réussi ! Nos dictionnaires entérinant nos usages, dans quelques années solutionner ne sera plus considéré comme un barbarisme, je vous en fais le pari !
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