Aujourd’hui, amis des mots, c’est un Bonbon coquin. Vous pouvez ranger votre rectangle blanc et votre logo “Interdit aux moins de 16 ans”, mais c’est vrai, l’adjectif coquin souffre (ou bénéficie !) d’un triple sens étonnant, quand on y pense. Je dis tout le temps à ma chienne Miss Fifi qu’elle est une “petite coquine”, au sens de malicieuse, d’espiègle (coucou Fifi ! elle écoute la radio). On emploie souvent coquin dans ce sens-là quand on s’adresse à de jeunes enfants aussi : “Oh, quel petit coquin, celui-là !” Et là c’est un mot plein de tendresse.
Il y a un autre sens de coquin, celui auquel je faisais allusion tout à l’heure, synonyme de grivois, ou carrément de sexuel : quand on parle de “rencontres coquines”, ça ne prête pas tellement à confusion.
Mais le sens originel du mot est encore différent, figurez-vous. “Coquin est utilisé tout au long du Moyen Age, explique le Dictionnaire historique de la langue française, pour désigner un gueux, un mendiant, quelqu’un de très basse condition.” Par extension, le coquin devient ensuite synonyme de truand, et d’ailleurs le premier sens que donne Larousse.fr, en indiquant qu’il est vieilli, est celui-ci : “Coquin : personne sans scrupule, capable de bassesse et de malhonnêteté.”
Bref, une canaille… Canaille qui a aussi a un double sens : on peut aussi qualifier gentiment un enfant de “petite canaille”, et on se souvient des “vieilles canailles” de Gainsbourg, qui jouent d’ailleurs sur cette ambigüité entre la définition affectueuse et le sens péjoratif du mot. Canaille nous vient de l’italien canaglia, désignant une troupe de chiens. Le mot a d’abord été utilisé comme désignation péjorative du “bas peuple”, précise le Dictionnaire historique. Et c’est depuis le XVIIe siècle qu’il qualifie une personne malhonnête.
Tenez, dans le même genre, on sait bien ce que veut dire aujourd’hui l’adjectif vilain : méchant, ou laid. Eh bien vilain est issu du latin villanus, désignant simplement un habitant de la campagne (avec la même étymologie que la villa latine, la ferme). En somme, un vilain, c’est un paysan. D’ailleurs l’expression “jeux de mains, jeux de vilains” fait allusion à ce sens du terme. Et c’est bien, là encore, le mépris attaché à la condition sociale des paysans qui explique l’évolution péjorative de la signification du mot.
J’ai aussi reçu il y a peu un message d’Elodie, de Charente, qui se régale à lire Marguerite de Navarre, la “grande sœur de François Ier, née à Angoulême”, m’apprend-elle. Elodie me fait part de son étonnement, au sujet notamment du sens du mot garce, au XVIe siècle : il n’était absolument pas péjoratif. C’était tout simplement le féminin de gars : un gars, une garce. Comment le mot qui voulait dire “jeune fille” s’est transformé en injure tandis que le masculin gardait un sens neutre de “jeune homme”, eh bien gageons qu’il y a un peu de misogynie là-dessous. Exactement comme le mépris des pauvres a conduit à faire d’un paysan un affreux ou un méchant. Et voilà comment, une fois de plus, l’évolution de la langue nous en apprend beaucoup sur ceux qui la parlent – nous, quoi !
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