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Orthographe : faut-il écrire "entre autre" ou "entre autreS" ?
Encore un petit mot, et un petit S, qui jouent des tours à bien des gens. Les trucs de Muriel Gilbert pour s’en sortir…
Olivier m’a adressé le message suivant : "Bonjour Muriel, l'expression ‘de part et d’autre’ ne semble pas prendre de S à la fin de autre mais 'entre autres' en prend un, selon mon correcteur orthographique. J'ai du mal à comprendre pourquoi c'est une fois oui, une fois non ! Pouvez-vous m'aider ? Merci à vous et à votre émission que j'écoute systématiquement. C'est un vrai plaisir", ajoute-t-il.
Bien sûr, je vais me faire un plaisir de répondre à Olivier ! Pour commencer, autre descend du latin alter, celui de l’alter ego, l'"autre moi", celui de l’altérité également. Le mot se manifeste en français au Xe siècle, précise le Dictionnaire historique d'Alain Rey, époque où il signifie d'abord "le reste", puis "le deuxième, le suivant" et "le prochain".
Mais pour revenir à l’histoire de S qui chagrine Olivier… Bon, en français, vous avez remarqué, c'est quand même bien souvent une fois oui, une fois non. Mais c’est d’autant plus le cas avec cet autre qui peut être adjectif, comme dans "Donnez-moi un autre croissant", ou pronom, comme dans "Finalement, donnez-m’en deux autres."
C'est même parfois un nom commun, comme quand, en philosophie, on parle de l'Autre avec un grand A, synonyme d'autrui – qui d'ailleurs est un mot de la même famille. Naturellement, autre prend un S au pluriel (les autres), mais ce petit mot a donné lieu à une multitude d’expressions…
Un autre piège
Comme "entre autres", qui donc prend un S… Et pourquoi ?, se demande Olivier. Eh bien, entre autres est en quelque sorte un raccourci de "entre autres choses". Si "Antoine aime le chocolat, entre autres", cet autres fait référence à plein d’autres choses : les bonbons, les pizzas, les pâtes, j’en passe. Bref, des choses plurielles.
En revanche, pour "de part et d’autre", autre est au singulier… "De part et d’autre de la route", c’est d’un côté, et de l’autre côté de la route. "L’autre côté" est donc bien un singulier, sans S.
Ah, j’en profite pour vous parler d’un autre piège, qui fait trébucher encore plus de monde, il me semble. Quand on dit "autre chose", sans article devant, comme dans, "V’là autre chose" ou dans "C'est autre chose", ce qui suit doit être accordé au masculin...
Bien que "chose" soit un mot féminin… Larousse.fr l’explique très bien : "Quand autre chose peut être considéré comme un composé indéfini (dans lequel chose ne signifie pas 'objet' ou 'fait'), l'accord se fait au masculin. Autre chose sera fait [et non faite]. Y a-t-il autre chose de nouveau [et non de nouvelle]”. En fait, autre chose, c’est comme quelque chose : ce qui suit s’accorde toujours au masculin : on ne dit pas "Le Bonbon sur la langue est quelque chose de bonne", on dit "Le Bonbon sur la langue est quelque chose de bon" !
