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Des eaux turquoise (illustration)
Crédit : yonatan-anugerah/unsplash
Vous savez, amis des mots, que je suis payée pour corriger les fantaisies orthographiques des journalistes du Monde. Mais voilà, correctrice, ça ne s’arrête pas à la sortie du journal. Je vois les fautes partout, sur les affiches, les plaques de rue, la moindre erreur typographique, une apostrophe de travers, ça me démange comme un bouton de varicelle, je ne peux pas me retenir d’avoir envie de corriger…
Je prends sur moi, la plupart du temps. Mais parfois, comme il y a quelques jours, ça dérape. C’était mon jour de congé, je traînais devant le petit déj, sirotant mon café en parcourant distraitement Lemonde.fr, et voilà qu’un hoquet me fait recracher la moitié de ma tasse sur mon pyjama : le chapeau d’un article se termine par la description d’une île "aux eaux turquoises".
Turquoise était écrit avec un S, alors qu’il n’en fallait pas. Alors naturellement, ça me démange… j’essaie de me raisonner : débranche un peu, regarde ailleurs, personne ne va mourir d’un S en trop… Mais si : moi, je vais mourir ! Bref, je me connecte au site du Monde, et je corrige. Et ça va mieux.
Il faut dire que c’est ma règle préférée, celle de l’accord des adjectifs de couleur, que je vais donc me faire un plaisir de rappeler. Les adjectifs de couleur (noir, bleu, rouge, vert…) s’accordent au pluriel et au féminin comme les autres adjectifs (un camion vert, des voitures vertes) sauf les adjectifs de couleur composés, qui sont invariables (des voitures vert foncé, et non vertes foncées), de même que les adjectifs basés sur des noms communs. C’est-à-dire marron, crème, pervenche, orange ou… turquoise, par exemple (des yeux marron, ce sont des yeux de la couleur du fruit du marronnier, pas de S à marron ; des bus orange, pas de S à orange car ce sont des bus de la couleur de l’agrume, des eaux turquoise, sans S à turquoise, car c’est la couleur de cette pierre).
J'en ai profité pour m’interroger pour la première fois sur l’origine de la turquoise, cette pierre de couleur bleu-vert (et non bleue-verte, bleu-vert étant un adjectif de couleur composé !). Eh bien, turquoise vient de Turquie, figurez-vous. La référence à ce pays, explique le savant Dictionnaire historique de la langue française, "vient de ce que la pierre, originaire d’Asie et notamment de Perse, transitait au Moyen Age par l’Empire ottoman". Nos ancêtres ont pensé que ces pierres étaient originaires de Turquie, c’est pourquoi ils les ont appelées turquoises – avec un S au pluriel, quand il s’agit des pierres, n’est-ce pas ?
C’est juste la couleur qui est invariable.
Allez, on termine par la question du jour, celle de Pascal, de Saintines, dans l’Oise, qui a découvert le mot cénotaphe lors de la panthéonisation de Robert Badinter, et qui se demande si le mot cène est de la même famille.
Eh bien non, cher Pascal. Le cénotaphe, ce monument élevé à la mémoire d’un mort sans pour autant contenir son corps, vient du grec kenos (vide) et taphos (tombeau). Il n’a donc pas la même origine que le dernier repas du Christ avec ses apôtres, qui lui vient du latin cena (le dîner). En revanche, cénotaphe est de la famille d’épitaphe, du grec epi (sur) et taphos (le tombeau), l’épitaphe désignant l’inscription gravée sur une sépulture.
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