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Le français est-il vraiment “la langue de Molière” ?

Nous parlons tous les jours la langue de Molière, sans le savoir parfois, s’amuse Muriel Gilbert…

Des comédiens de théâtre
Crédit : kyle-head/unsplash
Le français est-il vraiment "la langue de Molière" ?
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Muriel Gilbert

L’allemand est qualifié de langue de Goethe, l’italien de langue de Dante, l’espagnol de langue de Cervantes, l’anglais de langue de Shakespeare, mais le français est la langue de Molière. Pourtant, il faut reconnaître que le français d’aujourd’hui est assez différent de celui de l’époque de Jean-Baptiste Poquelin.

Cela fait plus de trois siècles et demi, quand même, la langue a évolué, c’est naturel. Tenez, pour ne parler que du sentiment amoureux, par exemple, qui est au cœur de la plupart des pièces, eh bien quand chez Molière, on parle d’un "amant" ou d’une "amante", il s’agit juste d’un "amoureux", même parfois d’une personne qu’on aime sans qu’elle le sache ! 

Idem, "faire l’amour", chez Molière, c’est faire la cour, pas plus ! En revanche, attention, le mot "amitié" désigne "l’affection"… mais parfois aussi "l’amour"… Il faut traduire !
Les expressions aussi ont évolué : chez Molière, "venez bientôt", par exemple, veut dire "venez tout de suite", "mettre un chapeau sur la tête de quelqu’un" c’est en dire du mal, "prendre la chèvre", c’est se mettre en colère, tandis que prendre ses jambes à son cou se dit "tirer ses chausses"… L’orthographe, évidemment, a changé également. Molière écrivait volontiers ortografe... sans H et avec un F !

N’empêche que ses pièces se jouent à longueur d’année, dans tous les théâtres de France, et en particulier dans le plus célèbre d’entre eux, la Comédie-Française… Qu'on appelle, d’ailleurs, la Maison de Molière. C’est justement à la Comédie-Française qu’était enregistré le dernier épisode de l’émission qui m’a donné envie de vous parler de Molière ce matin. Il s’agit des Rencontres du Papotin, où une personnalité répond aux questions de journalistes amateurs porteurs de ce que l’on appelle des "troubles du spectre autistique". 

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Cette émission est une merveille de fraîcheur et d’humanité. C’est disponible sur FranceTV – personnellement, je n’en loupe pas une. Le dernier invité était Benjamin Lavernhe, héros du magnifique film En fanfare et sociétaire de la Comédie-Française. 

Que diable allait-il faire dans cette galère ?

Il a joué, avec l’un de ses intervieweurs, une scène des Fourberies de Scapin, celle où Scapin fait croire à Géronte qu’il va devoir payer une rançon pour récupérer son fils, qui vient d’être enlevé sur une galère turque. Et Géronte répète dix fois une phrase qui est devenue une expression depuis… "que diable allait-il faire dans cette galère ?"


C’est donc grâce à Molière qu’une galère, aujourd’hui, ce n’est plus seulement un bateau, c’est une tuile… comme dans : "Ah, j’ai renversé mon café, quelle galère !" Mais c’est aussi Molière qui, dans L’Avare, a popularisé les dictons "Quand il y a à manger pour huit, il y en a bien pour dix" et "Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger !" – des répliques d’Harpagon, le personnage principal, qui fait ces remarques dans un souci d’économie, bien sûr. 

Ce bonhomme est devenu si emblématique de la pingrerie que son prénom est désormais un nom commun – les linguistes appellent ça une "antonomase" : un "harpagon", aujourd’hui, selon la définition du Larousse, c’est "un homme très avare", de même d’ailleurs qu’un "tartuffe" est devenu un "hypocrite" – depuis que le succès de la pièce du même nom en a fait un nom commun.

En 34 pièces, Molière nous a légué des dizaines d’expressions. On dit parfois que quelqu’un "fait de la prose sans le savoir". C’est une allusion au Monsieur Jourdain du Bourgeois gentilhomme. Quand on plaisante en disant : "Couvrez ce sein que je ne saurais voir", on cite Tartuffe. Ou quand on constate qu’"Il n’y a point de pire sourds que ceux qui ne veulent pas entendre", on répète une réplique de L’Amour médecin... Bref, encore du Molière ! CQFD, amis des mots, nous parlons bien “la langue de Molière » !

Et si vous avez envie de parler encore de Molière, je vous attends vendredi 4 juillet à 18 heures sur la place de l’Église de Chalais (36370) pour une dictée où l’on a le droit de copier sur son voisin. Après, si ça vous tente, on dédicace, on mange ensemble sur la place façon Astérix, et on chante des chansons au son d’un orgue de Barbarie !

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