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Langue française : faut-il écrire "un viscère" ou "une viscère" ?
Un ou une stalactite ? Un ou une viscère ? Un ou une météore ? Muriel Gilbert nous piège sur le genre des mots.
Des lunettes (illustration)
Crédit : anne-nygard/unsplash
On reparle du genre des mots, parce que le Bonbon sur la langue d’il y a quelques semaines sur le sujet a beaucoup fait réagir les amis des mots. Leur résolution pour la nouvelle année ? Pas question de passer en 2026 en hésitant sur le féminin ou le masculin de viscère ou de stalactite. Donc prenez papier et stylo, amis des mots, numérotez dix lignes de 1 à 10, écrivez juste M pour masculin, F pour féminin dans l’ordre des noms que je vais dicter.
Entre deux réveillons, petit quiz digestif de quelques noms. Solution des jeux en fin de chronique. Encore une fois j’ai sélectionné ceux dont, personnellement, je trouve toujours le genre surprenant, au point d’aller régulièrement le revérifier dans le dictionnaire pour certains d’entre eux. Vous me direz si vous aussi. Prêts ?
Allez, c’est parti ! Dites-vous un ou une météore, ce synonyme d’étoile filante ? Un ou une stalactite de glace qui pend du toit enneigé du chalet de montagne ? Un ou une stalagmite dans le gouffre de Padirac ? Un ou une câpre dans la recette de caponata sicilienne de Mamie ?
Le ou la syrah comme cépage pour le vin rouge préféré de tonton ? Un ou une espace ? Un ou une scolopendre, cet insecte qu’on appelle aussi millepattes bien qu’il n’en ait que 30, des pattes (remarquez, c’est déjà pas mal). Un ou une éphéméride ? Un ou une viscère, qu’on appelle aussi boyau parfois ? Un ou une escarre au derrière, si je ne fais pas l’effort de me lever un peu de mon canapé entre deux repas de fêtes ? Allez, ça fait 10. C’était facile ?
Stalactite et scolopendre
Ah ah ! On va voir ça. On passe aux réponses. On dit une étoile filante et on dit une météorite mais on dit bien un météore. Réponse 1 : masculin. Un ou une stalactite ? C’est une. Et stalagmite également. Féminin. Attention, il y a un piège aussi rayon orthographe : stalaCtite c’est avec un C et stalaGmite avec un G. Les câpres, ces petits machins verts vinaigrés, c’est féminin : une câpre.
En voilà un auquel je ne me fais pas, perso. Une câpre ! Bon, c’est comme ça. Le cépage des vins rouges de la vallée du Rhône, c’est la syrah, pas le, contrairement à ce que j’entends souvent, et côté orthographe, on s’accroche : SYRAH. Rien que ça. Heureusement que c’est bon, LA syrah. Et au fait toujours sans majuscule, hein, les noms des cépages, on l’a déjà dit ! Espace, c’est masculin… ou féminin !
Eh oui, l’espace en général, c’est masculin : l’espace aérien de la France ; mais attention, en imprimerie, les blancs, c’est féminin : on laisse une espace entre deux mots. Scolopendre, c’est une (il paraît qu’elles peuvent mesurer jusqu’à 30 cm avec leurs 30 pattes, brrrr !). Une éphéméride, un viscère (eh oui, une vis, mais un viscère !) et une escarre pour finir en beauté !
Le genre fluctuant du mot "alvéole"
Dites-nous sur les réseaux ceux dont le genre vous surprend le plus, amis des mots. La question du jour, pour finir, vient de Jules, de Versailles, qui rebondit sur la question de Joël, il y a quelques semaines, sur le genre fluctuant du mot alvéole. Rappelons que le dictionnaire de l’Académie française dit UN alvéole, le Larousse dit UNE en précisant "ce mot était autrefois masculin", quant au Robert, il dit "nom masculin (vieilli) ou féminin". Et Jules me dit : "comment se fait-il que le genre d’un mot change ainsi ?"
Comme je vous comprends, cher Jules, moi qui avais eu un mal fou à intégrer qu’alvéole était masculin… voilà qu’il devient féminin ! Pourquoi ? Eh bien, pour la raison que j’explique souvent : si tout le monde se met à faire la même faute, bientôt, elle devient l’usage, et l’usage… n’est plus une faute, c’est la norme. Et hop, voilà comment les erreurs deviennent la langue en bonne et due forme, bref voilà comment une langue vivante… vit !
