Faut-il écrire "soiT disant" ou "soi-disant" ?

En consultant un article de Ouest-France, cette semaine, je suis tombée sur une erreur que les Français de l’Ouest ne sont pas les seuls à commettre, loin de là : celle qui consiste à écrire soi-disant avec un T à soit (comme à disant).

Soit avec un T, c’est le verbe être au subjonctif présent : que je sois, que tu sois, qu’il soit. Le soi de soi-disant n’est pas un verbe, c’est ce qu’on appelle un "pronom personnel réfléchi", un pronom un peu rare, qui ne s’emploie guère, explique Larousse.fr, "que dans les phrases qui ont un sujet indéterminé, comme on, chacun, personne…"

Bref, on ne dit pas, par exemple "Matthias ne pense qu’à soi", mais "Matthias ne pense qu’à lui" (ce n’est pas vrai, hein, Matthias, c’est juste pour l’exemple). C’est le même soi (sans T) qu’on trouve dans les expressions être soi-même, ça va de soi, en soi, ou tenez comme dans la célèbre chanson des Enfoirés : le chacun pour soi.

Soi-disant ou prétendu ?

Soi-disant existe depuis le XVe siècle. Parfois, c’est un adverbe, synonyme de prétendument, comme dans "Il voulait soi-disant m’aider" ou "Elle a soi-disant les compétences nécessaires". Parfois, c’est un adjectif, comme dans "c’est un soi-disant copain, c’est une soi-disant princesse".

On a accordé l’adjectif jusqu’au XVIIIe siècle, donc on pouvait parler d’une soi-disante amie, d’une soi-disante princesse. Mais aujourd’hui, soi-disant est invariable dans tous les cas, qu’il soit adverbe ou adjectif. C’est plus simple, finalement. J’en profite pour vous signaler une autre erreur fréquente avec soi-disant : cette locution signifie "qui se prétend quelque chose".

"On ne doit donc l’employer, explique l’Académie française, qu’avec des êtres vivants susceptibles de parler et de dire quelque chose les concernant. On peut donc dire : Le soi-disant avocat était un escroc, [mais] on ne peut dire : La soi-disant broche en or n’était qu’un bijou de pacotille". On dira : la prétendue broche en or. "N’oublions pas non plus, précisent nos Immortels, que soi-disant ne peut être employé que pour évoquer une personne qui revendique telle ou telle qualité, tel ou tel état, et non pour évoquer une personne à qui on les prête". 

C’est-à-dire que, si l’on accuse quelqu’un d’un crime qu’il nie, on ne dira pas "le soi-disant criminel", puisque lui ne dit pas qu’il en est un. On parlera d’un "prétendu criminel" !

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