C’est une lettre arrivée à RTL qui inspire la chronique de ce dimanche 12 mars, amis des mots… Elle est de Charles, du Pouliguen, en Loire-Atlantique. Voilà : "Chère madame, écrit Charles, je voulais vous dire un petit mot à propos de votre récente chronique consacrée au mot clef…" Il s’agit d’un Bonbon sur la langue dans lequel j’expliquais pourquoi clef s’écrit parfois avec un F (on peut retrouver cette chronique sur RTL.fr).
Évidemment, j’en avais profité pour vous embarquer dans une de ces balades étymologiques que j’aime bien, précisant notamment que l’ancêtre latin de la clef, c’est clavis, “le clou” parce que les premières serrures étaient constituées d’un simple clou passé dans un anneau. Clou et clé étant aussi naturellement de la famille de clore.
Mais revenons au problème de Charles : "Je sais que votre temps est minuté et que tout dire est impossible, m’écrit-il. J’aurais pourtant aimé un clin d’œil à l’autoclave, et plus encore au conclave… (…) aux clés musicales ou au clavecin…”
Charles a raison ! Tous ces termes viennent de la clé. Il a raison aussi de remarquer qu’en trois minutes de Bonbon sur la langue, on ne peut pas tout dire. Mais on peut y revenir. La preuve.
C’est vrai, ce clavis latin a eu une bien belle et nombreuse descendance. J’avais déjà cité la cheville et la clavicule, mais en effet dans l’autoclave, cette sorte de Cocotte-Minute de stérilisation industrielle, on retrouve notre clavis latin, avec le préfixe auto, “de soi-même” (le même que dans automobile, autonome, autodidacte…). L’autoclave, c’est cet engin “qui se ferme lui-même à clé”.
Et le conclave ? Encore une histoire de clé ! En latin, littéralement, conclave, c’est une “pièce avec une clé” (con-clavis), donc fermant à clé, et c’est notamment le cas de celle où s’enferment les cardinaux quand ils doivent élire un nouveau pape, ce qu’annonce la fameuse fumée blanche.
Toujours parmi les héritiers de clavis, on peut ajouter le clavier du piano, celui de la machine à écrire et donc celui de l’ordinateur... Le premier clavier fut pourtant, dès le XIIe siècle, non pas un objet, mais un homme, le “gardien des clés”.
Et puis il y a les clés musicales, la clé de fa, la clé de sol, la clé d’ut, ces si jolis caractères inscrits au commencement d’une portée… sans oublier la clé de voûte de nos cathédrales, et création nettement plus récente à base de clé, la clé USB qui nous permet de transporter des données informatiques. Quant au verbe le plus nouvellement issu du clavis latin, il est entré dans Le Petit Larousse et Le Petit Robert dans les années 2000, c’est un joli mot-valise créé par les Québécois pour concurrencer l’anglicisme chatter : bâti sur clavier et bavarder, c’est clavarder. Clavardons donc sur les réseaux sociaux, amis des mots !
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