Catherine de Médicis, la reine accusée du massacre de la Saint-Barthélemy

L'orage menace sur le Paris qui s'endort ce 23 août 1572. Les ventres sont affamés par des semaines de mauvaise récolte. Pourtant, un fastueux mariage vient d'être célébré. Celui d'Henri, roi de Navarre, le futur Henri IV, et Marguerite de Valois, la fille de Catherine de Médicis. Un protestant et une catholique. Nous sommes en pleine guerre de religion et cette union est l'étincelle de trop. 

Alors que les brumes de la nuit s'effacent, la capitale baigne dans le sang. Le sang de la vengeance. Entre 15.000 et 30.000 protestants ont péri dans cette tuerie sauvage, plus connue sous le nom de Massacre de la Saint-Barthélemy. L'histoire cherche un coupable. Pendant longtemps, ce sera Catherine de Médicis. 

C'est à Florence, en 1519, que Catherine de Médicis voit le jour. Elle grandit dans une riche famille mais son enfance est loin d'être heureuse. Très tôt, la petite fille perd ses deux parents, Laurent de Médicis et Madeleine de La Tour d'Auvergne. À 14 ans, elle se marie avec Henri, le second fils du roi François Ier. L'amour n'y a pas vraiment sa place. Le royaume de France est ruiné et le souverain cherche un allié pour lutter contre Charles Quint. Voilà comment, en 1533, l'Italienne débarque à Marseille pour s'unir à Henri, qu'elle rencontre pour la première fois. 

La cour grince des dents. Catherine est arrivée avec une dot moins importante que prévu. De plus, elle tarde à tomber enceinte. La Florentine essaie alors tous les remèdes possibles. Elle boit de l'urine de mule et mange de la purée de vers de terre. Le résultat n'est pas au rendez-vous. La répudiation la guette quand après onze années de mariage, Catherine de Médicis met au monde un garçon, François. Suivront neuf autres enfants sur les quinze années suivantes, dont sept parviendront à l'âge adulte. 

Une usurpatrice du pouvoir

À la mort de François Ier, en 1547, Catherine de Médicis devient reine de France. Elle assoit naturellement son autorité sur la cour et gère le royaume quand Henri II part en guerre. Mais elle a un problème. Il porte le nom de Diane de Poitiers. La "plus que reine", est belle, indépendante, ambitieuse et, surtout, appréciée par le roi. Elle en est même devenue la maîtresse sous l'œil coléreux de Catherine. Quand il meurt en juillet 1559, la régente, tout de noir vêtue, écarte sa rivale, l'oblige à restituer les bijoux de la couronne et à quitter son château de Chaumont-sur-Loire. 

François II, le fils de Catherine de Médicis, est très malade et Charles IX n'a que 10 ans. C'est donc elle qui œuvre à la tête du royaume avec pour principal chantier les tensions entre catholiques et protestants. Pour obtenir un compromis entre les deux parties, elle choisit la voie de la tolérance. Catherine accorde aux protestants la liberté de conscience, le droit de célébrer un culte public et abolit la peine de mort pour hérésie. Ivre de pouvoir, elle fait à la cour tout ce qui lui chante. Parfumeurs, magiciens, et astrologues venus d'Italie rejoignent son cercle proche. Elle monte un réseau d'espionnage formé d'une douzaine de femmes chargés de séduire les puissants afin de leur soutirer des informations.

Aussi bien informée soit-elle, Catherine de Médicis n'arrive plus à maintenir l'équilibre politico-religieux dans le royaume. Face au courroux des catholiques qui déferle sur la capitale, Charles IX ne sait que faire. Quant à sa mère, Catherine, elle assiste, impuissante, au massacre de la Saint-Barthélemy. Un drame qui entachera sa postérité. En 1574, le roi décède. Le trône est désormais occupé par Henri III. Catherine de Médicis perd de l'influence mais garde toute la rigidité que le royaume lui connaît. Alors âgée de 69 ans, sa santé mollit. Elle s'éteint le 5 janvier 1589 au château de Blois. 

>> Les Salauds de l'Histoire. À travers un récit long format, Vincent Parizot retrace, toutes les semaines, la vie et les crimes d'un salaud de l'Histoire. Une collection spéciale de notre émission phare Entrez dans l'Histoire.