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Nicolae Ceausescu : d'apparatchik stalinien à dictateur fastueux et paranoïaque

PODCAST - Cet apprenti cordonnier roumain a gravi tous les échelons du parti communiste jusqu'à prendre les rênes de son pays. Ce n'est qu'en décembre 1989, après 24 ans de dictature, que l'impitoyable dictateur sera balayé par une révolution.

Nicolae Ceausescu durant une partie de chasse

Crédit : Radu Cristescu / AFP

Nicolae Ceausescu : d'apparatchik roumain à dictateur fastueux et paranoïaque

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Thomas Bernardon & Vincent Parizot

La traque du gibier. Nicolae Ceaușescu s'y adonnerait volontiers s'il n'était pas lui-même devenu la proie. Le 22 décembre 1989, le despote et sa femme Elena se sont fait la malle. Il était 12h45. Ils ont décollé en hélicoptère du toit de leur palais. Direction : l'aéroport de Bucarest. Rien n'était préparé. Faute d'essence, les fuyards ont été forcés d'atterrir en pleine campagne. Le couple a été arrêté par l'armée à 70 kilomètres au nord de la capitale. Éprouvés par 24 ans de dictature, les Roumains s'étaient rebellés. Hélas pour les deux époux, cette revanche s'est avérée mortelle. 

Nicolae Ceaușescu est né en 1918 dans une famille de paysans modestes au sud de la Roumanie. Menacé par un père violent, il a quitté la ferme parentale. À 11 ans, il a démarré une nouvelle vie à Bucarest. Ceausescu a d'abord travaillé chez un cordonnier. Dans le même temps, il a adhéré au parti communiste. Mais les nazis toquaient déjà aux portes du pays, sous le joug d'un régime fasciste, et le jeune homme a été envoyé dans un camp d'internement. Après la Seconde Guerre mondiale, Nicolae Ceaușescu a connu une véritable ascension. Il est devenu bras droit du chef d'État, Gheorghe Gheorghiu-Dej. 

En 1965, Nicolae Ceausescu était alors le seul maître à bord. OVNI politique, le chef du parti ouvrier entretenait de bonnes relations avec les pays de l'Ouest tout en soignant ses liens avec le Chinois Mao Zedong. Dans les rues de Londres, en calèche avec la reine Élisabeth II ou gâté par le Shah d'Iran, l'homme d'État semblait être en odeur de sainteté partout où il passait. En Roumanie ? Idem. Le peuple était conquis par ce dirigeant qui permettait au pays de se démarquer sur la scène internationale. 

Autoritarisme et xénophobie

Nicolae Ceaușescu a voyagé en Corée du Nord et en Chine. Là-bas, il a été bercé par les grandes parades à la gloire des dictateurs au pouvoir. De retour sur le sol de la mère patrie, il s'est autoproclamé "Conducator", un titre emprunté à un prédécesseur fasciste. Pour ses 60 ans, la fête a duré trois semaines. Des portraits à son effigie étaient affichés partout. Ce culte de la personnalité a même impacté la programmation de l'unique chaîne de télévision roumaine. Le pouvoir, c'était lui et personne d'autre. Ainsi, il ne plaçait que des membres de sa famille aux postes décisionnaires du comité central du parti communiste. 

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Le régime a peu à peu dérivé. Le "Génie des Carpates" (un surnom qu'il s'est attribué lui-même) a viré totalement paranoïaque. Un homme testait sa nourriture. Il craignait de mourir empoisonné comme Staline. Également apeuré par un potentiel coup d'État, le dirigeant comptait sur la Securitate, la police politique. Comme la Stasi, elle espionnait tout le monde. En prison, les opposants étaient torturés et parfois même exécutés. Par ailleurs, Nicolae Ceaușescu a basculé dans la xénophobie. Le dictateur a démantelé de nombreux villages habités par des roumains d'origine hongroise. 

Les années se sont écoulées et la situation économique s'est dégradée. Les Roumains étaient privés de chauffage 18 heures par jour. Ils n'en pouvaient plus de se serrer la ceinture et voyaient leur président dilapider l'argent public dans des projets plus que discutables. Par exemple, en 1977, il a rasé les églises du vieux centre de Bucarest pour y construire des immeubles en béton. La population enrageait. Le 16 décembre 1989, à Timisoara, une manifestation de soutien à un pasteur hongrois a dégénéré. L'armée a ouvert le feu sur des civils. La flamme de la rébellion s'est allumée. C'est bien elle qui a emporté Nicolae Ceaușescu. 


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