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Affaire Palmade : faut-il dire "sous l’emprise" ou "sous l’empire" d'un stupéfiant ?

On parle beaucoup stupéfiants, depuis quelque temps, ce qui conduit les auditeurs de RTL à se poser des questions… de langue française !

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Crédit : colin-davis/unsplash
Sous l'emprise... ou sous l'empire d'un stupéfiant ?
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Muriel Gilbert

Depuis la tragique affaire impliquant Pierre Palmade, il est souvent question de stupéfiants dans les médias. C’est ce qui conduit Georges, un fidèle de RTL Matin Week-End qui coule une retraite paisible à Fougères, en Bretagne, à se demander comment il se fait que ce "soit le même mot, stupéfiant, qui désigne à la fois une drogue et quelque chose de très surprenant".

C’est vrai. D’abord stupéfiant peut-être nom ou adjectif. Si l’on parle de consommation de stupéfiants, de brigade des stupéfiants ou de trafic de stupéfiants, c’est le nom : dans ce cas, il n’y a qu’une définition, un stupéfiant, c’est, selon Larousse.fr, une "substance, médicamenteuse ou non, dont l’action sédative, analgésique, narcotique ou euphorisante provoque à la longue une accoutumance et une pharmacodépendance". Bref, une drogue, qui peut être légale, comme un produit anesthésique, ou illégale, comme la cocaïne.

Le double sens de “stupéfiant”

C’est l’adjectif stupéfiant qui a ces deux sens bien distincts qu’évoquait Georges : on parle parfois en effet de "produits stupéfiants", comme synonyme de drogues, et puis stupéfiant est aussi un équivalent de renversant, surprenant, étonnant. On pourrait croire que ce sens d’étonnant est antérieur à l’autre, mais non : stupéfiant est d’abord entré en français comme terme médical

Dès le XVIIe siècle, explique mon cher Dictionnaire historique de la langue française, un stupéfiant est un produit qui agit sur le système nerveux, dans le but de lutter contre une douleur violente, en particulier celle de l’accouchement. C’est depuis le XIXe siècle, quand l’Occident rencontre les drogues récréatives, notamment l’opium, que le terme se met à désigner des usages non médicaux. Parallèlement, l’adjectif stupéfiant commence à prendre le deuxième sens d’étonnant, d’ahurissant, d’époustouflant, dont nous parlions.

Les deux sens ont la même origine : le verbe latin stupefieri, "être interdit, étonné", lui-même issu de stupefacere, "étourdir, paralyser" : on voit bien là les deux sens, déjà, de stupéfaction et d’étourdissement.

"Sous l’emprise" ou "sous l’empire"

Ah, il y a une autre question qui tarabuste nos auditeurs. Nathalie, notamment, qui m’écrit : "Avec l'actualité, j'entends beaucoup 'sous l'emprise de la drogue'. Or, j'ai toujours cru que nous étions sous l'empire d'une chose (un stupéfiant) et sous l'emprise d'un être humain." Fred, de Marseille, et même notre Steven Bellery, du service culture de RTL, se posent la même question.

J’avoue que je pensais comme eux. Eh bien… disons que nous sommes tous de trop bons élèves. Cet usage d’emprise, longtemps critiqué, est aujourd'hui admis. Même l’Académie française, si conservatrice, l’accepte depuis 1932. Alors, être sous l’empire ou sous l’emprise de stupéfiants, c’est au choix… mais toujours déconseillé, et quelle que soit la façon de le dire !

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