Le 27 mars 1973 à Hollywood, temple du cinéma américain. Ce soir, le gratin du cinéma mondial est réuni au Dorothy Chandler Pavilion pour la grand-messe annuelle du 7ème art : la 45ème cérémonie des Oscars.
Parmi les grands favoris de la soirée il y a deux films : Cabaret, qui vaudra à Liza Minelli l’oscar de la meilleure actrice, et Le Parrain de Francis Ford Coppola, qui a battu tous les records au box-office. Et 18 ans après sa première consécration, Marlon Brando remporte donc l’Oscar du meilleur acteur, pour son rôle de Vito Corleone dans Le Parrain dans lequel le sex symbole de l’époque s’est métamorphosé, il est quasiment méconnaissable. Sa performance est saluée à l’unanimité. Mais, la star n’est pas là.
À la stupéfaction générale, c’est une jeune femme qui se lève : Sacheen Littlefeather, une jeune Apache. En lui demandant de la représenter dans le temple d’Hollywood, Marlon Brando pointe du doigt le traitement de ses pairs par le cinéma américain.
"Politiquement, c'est le premier coup d'éclat. Il y a beaucoup d'interventions politiques au fil des ans pendant la cérémonie des Oscars plus tard, mais là c'était vraiment la première fois et tout le monde a été pris de court", démarre François Forestier, journaliste et auteur d'Un si beau monstre au micro de Jour J. "Ça été à la fois un scandale et une réussite", ajoute-t-il.
Ce n'est pas comme ça que c'était prévu
François Forestier
"Cela a été magnifiquement fait. J'ai trouvé que cette jeune femme qui prend tout le monde par surprise, qui arrive, qui fait un discours extrêmement court. On a l'impression que l'assemblée a été prise en otage ce soir-là", renchérit Flavie Flament.
"Oui et non. Je suis désolé de vous contredire (...) Ce n'est pas comme ça que c'était prévu. Normalement, Brando aurait dû venir pour être récompensé pour son interprétation dans Le Parrain. Comme c'est un homme bizarroïde, on peut le dire, compliqué, il n'était pas sûr de gagner. Il voulait venir, mais il ne voulait pas venir... Il a une réputation d'emmerdeur, de films qu'il met en retard, d'avoir des caprices, etc..." révèle François Forestier.
"Comme il ne voulait pas vraiment venir, il a délégué cette jeune femme, Sacheen Littlefeather. C'est une demi-indienne et son vrai nom est Maria Cruz. Et c'est une fille qui a traîné dans des familles de raccord, qui a un père alcoolique, une mère absente et qui a accepté de jouer ce rôle parce qu'à l'époque elle était actrice", poursuit-il.
"Elle est venue avec un texte de Brando de 8 pages (...) Et le producteur du show des Oscars l'a attrapée avant qu'elle n'entre en scène et lui a dit : 'Vous avez 60 secondes, pas plus'. Donc elle a décidé de mettre le texte de Brando à la poubelle et de se faire fendre d'un petit speech qui a été, lui, bien accueilli", détaille François Forestier.
Marlon Brando a ici pris un risque alors qu'il n'était pas dans une période où il était populaire dans le cinéma. "C'est un homme qui a toujours été incohérent. Il était ravi de sa célébrité et en même temps il la détestait. Il était ravi d'être un acteur considéré comme un génie et en même temps ça l'ennuyait profondément (...) C'est un homme qui était pétri de paradoxe et on n'arrivait pas à tirer le bon fil", conclut le journaliste.
Tous les jours dans Jour J, de 20h à 21h sur RTL, Flavie Flament vous fait découvrir les grands moments d’actualité qui ont marqué la mémoire collective.
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