Depuis le 18 septembre, elle est à l'affiche de Portrait de la jeune fille en feu, l'un des films majeurs de l'année, signé Céline Sciamma (Tomboy, Bande de filles). Adèle Haenel, actrice aux deux César et au talent unanimement reconnu, a décidé de sortir du silence. Dans une longue enquête publiée par Mediapart, elle accuse le réalisateur Christophe Ruggia de l'avoir agressée sexuellement alors qu'elle n'avait que douze ans.
Les faits dont elle témoigne, deux ans après les débuts du mouvement #MeToo, se sont déroulés en 2001. Adèle Haenel tourne alors son premier long-métrage, Les Diables réalisé par Christophe Ruggia. Elle en est l'actrice principale, et très vite sa relation avec le cinéaste apparaît comme privilégiée.
Au point que plusieurs personnes travaillant sur le tournage s'inquiètent du comportement du réalisateur et craignent que la jeune actrice ne soit sous son emprise.
Une crainte qui s'avère bien réelle aujourd'hui. Dans Mediapart, Adèle Haenel décrit cette expérience comme traumatisante. Elle confie avoir arrêté le cinéma pendant plusieurs années à la suite de celle-ci. C'est finalement aux côtés de la réalisatrice Céline Sciamma, qu'elle retrouve le goût du jeu : en 2007 sort La Naissance des Pieuvres, décrit dans Mediapart comme une "renaissance".
De là, les succès s'enchaînent. À l'affiche de Suzanne (Katell Quillévéré, 2014) et Les Combattants (Thomas Cailley, 2015), Adèle Haenel rafle les récompenses aux César : meilleure actrice pour un second rôle, puis meilleure actrice l'année d'après. En 2018, elle joue dans la Palme d'Or du Festival de Cannes, 120 Battements par minute.
En 2019, elle est présente sur trois films du Festival de Cannes, dont Portrait de la jeune fille en feu primé pour son scénario, une romance lesbienne dans laquelle elle a retrouvé la caméra de Céline Sciamma.
Comme une évidence (ou une nécessité ?), la carrière d'Adèle Haenel se teinte petit à petit de féminisme et d'un engagement sans concession pour l'égalité. En 2016, dans les colonnes du magazine Gala, l'actrice déclare ainsi "Je suis féministe simplement parce que j’ai envie d’exister". Deux ans plus tôt, elle déclarait son amour pour sa compagne Céline Sciamma sur la scène des César.
Le regard masculin a été pendant très longtemps associé à un regard neutre
Adèle Haenel
Cette année, sur France Inter, l'actrice s'est livrée à une critique féministe du cinéma. "Le regard masculin a été pendant très longtemps associé à un regard neutre, parce que l'immense majorité des films sont produits par des hommes qui regardent des femmes, explique-t-elle. Il faut dire que ce regard a une origine et un rapport avec la domination masculine."
Une citation d'autant plus révélatrice d'un milieu où les témoignages abondent depuis les débuts du mouvements #MeToo, excepté en France où ils se sont faits rares. Aujourd'hui, Adèle Haenel annonce qu'elle ne portera pas plainte contre Christophe Ruggia. Ce serait peine perdue selon elle puisque la justice "condamne si peu les agresseurs". "La justice nous ignore, on ignore la justice", résume l'actrice dans Mediapart.
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