Comment les "chevals" sont-ils devenus des chevaux ? C'est une histoire à rebondissements. Petite révision pour commencer. Ce que l'on appelle un pluriel régulier en français, c'est un "-s" au bout du mot au singulier. Une voiture, des voitures. Parmi les pluriels irréguliers, qui ne se forment pas ainsi, il y a ceux en "x" dont nous parlions la semaine dernière, comme ceux de "hiboux" ou de "châteaux".
Mais il en est de plus irréguliers encore, et notamment celui de la plupart des mots en "-al", comme cheval, animal, journal, dont le pluriel s'entend à l'oral puisque leur dernière syllabe passe du son [al] au son [o].
Il existe toutefois des exceptions. La liste est assez longue. Les plus récurrentes sont les festivals, les carnavals, les bals, et les adjectifs natal (des pays natals), bancal (des fauteuils bancals), naval (des chantiers navals) et puis banal (des prénoms banals). Toutefois, le pluriel de banal peut être "banaux" mais seulement dans le sens des fours et des moulins banaux, propriétés des seigneurs du Moyen-Âge.
À l'origine, on disait un cheval et des "chevals", et on prononçait le "s" final. La bascule vers le pluriel en "-aux" se serait produite au Moyen-Âge, entre le VIIe et le XIIe siècle. La grande linguiste Henriette Walter l'explique magnifiquement dans son délicieux ouvrage Le Français dans tous les sens. Pour comprendre comment on a pu passer de la succession de "-als", pluriel de cheval, à ce que nous écrivons "-aux" et prononçons [o], il faut d'abord savoir que la consonne "l" ne se prononçait en latin, puis en ancien français comme elle se prononce aujourd'hui.
On peut se faire une idée de son ancienne prononciation en écoutant un Portugais prononcer le nom de son pays, le Portugal, explique Henriette Walter. On y perçoit après le son [l] comme un écho vocalique proche de la voyelle que nous écrivons "ou", un peu la manière dont Georges Marchais, Premier secrétaire du Parti communiste français, prononçait la fin du mot "scandale". La réduction de la succession "-als" à une voyelle prononcées [o], s'est produite beaucoup plus tard, précise Henriette Walter.
Elle semble acquise à Paris au XVIe siècle. Quant au "s" final d'origine, il s'est transformé en "x" de la même manière que celui des hiboux, à la suite d'une erreur des moines copistes qui utilisaient pour transcrire la final des "chevals" une abréviation qui ressemblait à notre "x" et qui a par la suite été confondue avec un "x".
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