Entre le piratage des matchs du championnat de France de football et l’arrestation de son fondateur Pavel Durov, on a beaucoup parlé de l’application Telegram ces dernières semaines. Au commencement, Telegram, c’est une application de messagerie lancée en 2013 en Russie.
A l’époque, ses fondateurs, les frères Pavel et Nikolai Durov, voulaient créer une plateforme sûre qui leur permettent de communiquer à l’abri de la censure du pouvoir russe.
Avec sa promesse de ne jamais partager les données de ses utilisateurs aux Etats, la messagerie s’est rapidement fait connaître. Elle est devenue un outil clé pour de nombreux mouvements protestataires, pour des hommes politiques, mais aussi pour des groupes liés à des activités illégales. Lors des attentats de Paris en 2015, elle avait par exemple été un moyen de communication privilégié des terroristes de l’Etat islamique.
Aujourd’hui, Telegram compte quasiment un milliard d’utilisateurs et représente bien plus qu’une simple messagerie. C’est une véritable application “couteau suisse”. C’est d’abord une plateforme d’échange de messages, similaire à WhatsApp ou Messenger. Elle permet d’échanger avec des proches en tête à tête ou à plusieurs simplement à partir d’un numéro de téléphone. Elle permet d'envoyer des messages textes, des photos, des vidéos et d’autres fichiers. Tous ces éléments sont stockés dans le cloud ce qui vous permet de retrouver vos conversations depuis n’importe quel appareil.
Mais Telegram, c’est aussi un vrai réseau social, avec des chaînes et des groupes de discussions qui peuvent rassembler jusqu’à 200.000 personnes. Les utilisateurs peuvent s’abonner à ces boucles pour suivre leurs publications à la manière d’un fil Twitter. Ces canaux d’information ont pris de l’ampleur depuis 2021, notamment dans le cadre de l’invasion russe en Ukraine. Des chaînes se sont spécialisées dans la documentation du conflit et sont devenues des sources d’information à la fois côté russe et côté ukrainien.
On trouve aujourd’hui des canaux dédiés pour à peu près tous les sujets. La politique, le sport, la finance, le cinéma, la musique… mais aussi de nombreuses activités illégales. Comme l’application est réputée pour sa modération laxiste, elle est devenue un repaire privilégié pour la vente de drogue, les faux papiers, les arnaques, la pornographie, la pédocriminalité et le streaming de contenus piratés, notamment les matchs de football.
Il existe deux façons de rejoindre un canal. S'il s'agit d'une chaîne publique, il est possible de la chercher dans le moteur de recherche de l’application ou de la joindre directement via un lien. Dans le cas d'un canal privé, il faudra obtenir un lien d’invitation, généralement diffusé sur Google ou un réseau social, puis attendre la validation d’un administrateur pour intégrer la boucle de discussion.
Dans les deux cas, la méfiance est de mise. Le nom d’un canal ne présage pas du contenu qu’il abrite et l'on trouve de nombreuses chaînes malveillantes sur l’application. Il convient donc d'être vigilant et de ne pas cliquer sur n’importe quel lien. De la même manière, il est de bon ton de ne pas partager d’informations personnelles dans des boucles sur l'application.
Il faut aussi avoir à l’esprit qu’utiliser Telegram pour des activités illicites n’est pas sans risque. Les données qui transitent par l’application sont susceptibles d’être un jour exploitées. Car malgré les idées reçues, Telegram n’est pas aussi hermétique qu’il ne le prétend.
On a coutume de parler de Telegram comme d’une messagerie chiffrée, au même titre que WhatsApp ou Signal. L'entreprise a longtemps joué sur cette confusion en se présentant comme un produit plus sécurisé que ses concurrents. Pourtant, des experts en cryptographie mettent en garde depuis des années sur le fait que les messages échangés sur la plateforme ne sont pas protégés par le chiffrement.
En réalité, seuls les messages échangés par le biais de la fonction "conversation secrète" sont chiffrés. Pour activer cette option, il faut ouvrir le profil utilisateur, cliquer sur l’icone en haut à droite de l’application, sélectionner “Echanger en secret” et cliquer sur "Commencer". Mais cette manipulation ne fonctionne que pour les conversations de pair à pair, Elle ne s’applique pas pour les messages des groupes.
Cela signifie que lorsque vous créez une discussion par défaut avec un proche ou lorsque vous suivez les publications d’une chaîne Telegram, les messages ne sont pas chiffrés. Une grande majorité des messages échangés sur l'application sont donc techniquement accessibles de l’entreprise. C’est la raison pour laquelle la France en a après Telegram aujourd’hui. La justice estime que l’application a les capacités de lui transmettre des éléments sur les personnes qui sont derrière les canaux publics impliqués dans des activités criminelles.
Pour terminer, voici quelques conseils pour évoluer dans un environnement plus confidentiel sur Telegram. Si vous débutez sur l’application, sachez que n’importe qui peut voir votre photo de profil, vote dernière connexion ou vous trouver dans le moteur de recherche de la messagerie en tapant simplement votre numéro de téléphone. Pour y remédier, il est possible de paramétrer l'application de façon à contrôler qui peut accéder à ces éléments. Vous pouvez limiter l'accès à ces informations à vos seuls contact ou les bloquer pour tous les utilisateurs afin d'éviter d'être exposé à des inconnus.
Il est aussi possible de restreindre les appels provenant de personnes non enregistrées dans vos contacts. Pour ce faire, rendez-vous dans la section ‘Appels” des paramètres de confidentialité et choisissez de n’autoriser que vos contacts à vous joindre.
Enfin, il est aussi recommandé d'activer la validation en deux étapes pour ajouter une couche de sécurité supplémentaire à votre compte Telegram. Cette option vous demandera de définir un mot de passe et de renseigner un code reçu par sms pour limiter les risques d’intrusion. En cas de doute, vous pouvez consulter les sessions actives associées à votre compte en vous rendant dans l’onglet “Sections actives” des paramètres. Si vous voyez un appareil connecté que vous ne reconnaissez pas, fermez la session pour empêcher un accès non autorisé.
Retrouvez chaque semaine (l’inimitable) "Règle d’or" en podcast… et désormais son pendant Numérique consacré aux problèmes du quotidien en ligne. Comment naviguer en toute sécurité sur Internet ? Quelles sont les réglages à paramétrer pour protéger vos données personnelles ? Comment repérer les arnaques en ligne avant de tomber dans le panneau… Benjamin Hue, journaliste à RTL, répond ici aux questions que vous vous posez tous les jours sur les nouvelles technologies.
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