Il y a quelque années de cela, il fallait bien chercher sur son site Internet pour en trouver la trace. Le traitement des données personnelles est aujourd’hui un sujet prioritaire pour Apple. Au même titre que l’iPhone ou le Mac, ces enjeux s’inscrivent depuis plusieurs mois au menu des keynotes de l’entreprise, qui déploie désormais autant d'efforts de pédagogie pour sensibiliser le public aux options offertes par ses produits pour protéger sa vie privée que pour faire la promotion des dernières fonctionnalités de l'appareil photo de l'iPhone.
Ce mercredi 6 novembre, Apple a lancé une nouvelle version de son site Web consacré à la protection des données personnelles. Signe de l’importance accordée par le groupe à ces questions, les différents points mis en avant dans ces pages ont été présentés à la presse en amont avec la même attention qu’au lancement d’un nouveau produit. Toutes ces options avaient été dévoilées lors de la dernière conférence dédiée aux développeurs en juin en même temps que la dernière version d’iOS. Elles sont disponibles depuis fin septembre.
Parmi les principales nouveautés, les utilisateurs d’iPhone peuvent désormais accepter ou non qu’une application accède aux données GPS à chaque utilisation et opter pour un partage seulement lorsque le programme est ouvert. Une alerte indique aussi lorsqu'une application utilise les informations de localisation en arrière-plan sans raison apparente. Pour mieux sensibiliser à l'ampleur du suivi mis en place par certaines applications, des cartes donnent à voir périodiquement tous les endroits où elles ont enregistré des données géographiques.
Par opposition, Apple souligne que son propre service de cartographie, Plans, ne collecte pas ces informations lorsqu'il n'est pas ouvert. Il met aussi en avant l’utilisation qui est faite des métadonnées associées aux photos et aux informations relatives au réseau Wifi ou au Bluetooth dont l’utilisation est désormais davantage encadrée sous iOS 13.
Un long chapitre est aussi consacré à la fonction "Connexion avec Apple" qui permet de se connecter à des plateformes tierces sans partager d’informations personnelles avec elles en utilisant une adresse mail aléatoire associée à l’identifiant Apple de l’utilisateur selon un procédé de chiffrement ne permettant pas de croiser les informations. En cours de déploiement, l'option sera obligatoire en avril 2020 pour toutes les applications qui proposent les boutons de connexion de Facebook et Google, plus gourmands en données personnelles, auxquels elle entend opposer une alternative vertueuse.
Cette communication permet à Apple de faire valoir une position à part parmi les Gafa. Contrairement à Facebook et Google, dont le modèle économique repose sur la collecte de données personnelles et la vente de publicités ciblées, Apple vend d’abord des produits haut de gamme ou des abonnements à des services populaires et ne commercialise pas les informations de ses clients. Une particularité que l’entreprise aime à marteler comme un argument concurrentiel face aux nombreux scandales relatifs à la vie privée qui ont éclaboussé ses rivaux ces dernières années.
Au fil des ans, Apple s’est drapé dans une posture de chevalier blanc, à la pointe du chiffrement des smartphones, en croisade contre les gouvernements réclamant la mise en place de portes dérobées pour accéder au contenu de ses téléphones au nom de la sécurité nationale, mais aussi précurseur dans les traitements algorithmiques des outils de reconnaissance vocale et visuelle sur les appareils plutôt que sur des serveurs distants. Dans le même temps, Facebook et Google redoublent d’efforts pour expliquer comment ils s’engagent désormais dans des démarche vertueuses mais peinent à convaincre faute d’infléchir véritablement leur modèle économique.
Malgré ces efforts, Apple n’est pas à l’abri de connaître aussi certains trous d’air. Des journalistes ont découvert au mois de juin des milliers de mouchards dans des applications diffusées sur l’App Store, censé être le magasin d'applications mobiles le plus protégé, dont certaines à destination des enfants. Apple a durci les conditions imposées aux développeurs mais certaines applications passent encore entre les mailles du filet. Le groupe informatique a également été épinglé cet été pour avoir fait écouter des enregistrements d’utilisateurs de Siri à des employés d’entreprises sous-traitantes dans le cadre d’un programme d’amélioration inconnu de ses clients. Les utilisateurs d’iPhone doivent désormais activer une option pour y participer.