Comment l'Union européenne veut encadrer l'intelligence artificielle
La Commission européenne a présenté ses recommandations pour réguler l'intelligence artificielle et préserver sa souveraineté technologique.

Qui va protéger les données de nos centrales nucléaires ? Veut-on d'une reconnaissance faciale qui se développe dans les villes comme en Chine ? Soucieuse de ne pas passer à côté de ces questions après avoir raté la première révolution Internet qui a vu naître les géants Facebook, Google ou Tencent, l’Union européenne veut encadrer l'intelligence artificielle en imposant de nouveaux standards susceptibles de faire figure de références à l’international, comme le RGPD européen aujourd’hui cité en exemple dans de nombreux pays.
La Commission européenne a présenté ce mercredi 19 février un livre blanc avec des recommandations pour favoriser l’innovation et protéger les intérêts des citoyens européens. Après une consultation jusqu’au 19 mai de tous les acteurs (entreprises, syndicats, société civile, gouvernements), l’institution espère faire des propositions législatives en fin d’année.
Bruxelles veut d’abord sanctuariser le respect des droits fondamentaux des citoyens. L’exécutif européen veut par exemple s’assurer que les algorithmes d’un logiciel de recrutement ne soient pas discriminants. De la même manière que pour les jouets et les cosmétiques, elle entend aussi tester et certifier des systèmes d’intelligence artificielle à risque, comme dans le secteur de la santé ou celui des voitures autonomes.
Le seul dossier qui interroge encore est celui de la reconnaissance faciale de masse. Quand l’intelligence artificielle vous reconnaît dans la rue. La Chine l’utilise déjà à grande échelle pour contrôler sa population et renforcer la confiance dans son économie. La France envisage de mener des expérimentations dans l’espace public dans les prochains mois. L’Europe veut y réfléchir et ouvrir le débat afin de déterminer dans quelles circonstances elle peut être autorisée.
Garder le contrôle des données, le carburant de l'IA
Pour mener à bien cette politique et imposer ses idéaux, l’Union européenne ne doit pas perdre la bataille des données, le carburant de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, les données des individus sont hébergées pour l’essentiel dans des serveurs américains ou chinois. Bruxelles ne veut pas rater le train de la course aux mégadonnées industrielles et veut créer pour cela des géants européens du cloud en débloquant 4 à 6 milliards d’euros d’ici 2022.
La Commission espère aussi inciter au partage des données à travers la création d’un marché unique européen, en définissant un cadre réglementaire autorisant la libre circulation des données dans l’Union pour les entreprises et le secteur public afin de créer de la valeur pour les Européens. Cela permettrait par exemple à une PME d’accéder aux données des supermarchés du continent pour créer une application permettant aux citoyens de manger mieux et moins cher.
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