C'est un nouveau départ pour Huawei. Le géant chinois des télécoms a officialisé ce mercredi 2 juin son premier système d'exploitation propriétaire, HarmonyOS, qui doit lui permettre d'explorer de nouvelles possibilités entre les différents appareils de son écosystème et de s'affranchir de sa dépendance à l'univers Android, propriété de Google, dont elle ne peut plus utiliser les services en raison d'un embargo commercial imposé par les États-Unis.
Inscrit sur liste noire par l'administration de Donald Trump en 2019 sur fond de guerre commerciale entre Washington et Pékin, Huawei ne peut plus travailler comme il l'entend avec des entreprises et développeurs américains. Cela l'empêche notamment d'utiliser la licence d'Android et d'installer les services de Google et les autres applications locales très populaires sur ses smartphones depuis plusieurs mois.
Ces sanctions ont porté un coup très dur à la croissance de l'ancien numéro un mondial, contraint de céder sa filiale Honor et en difficulté pour s'approvisionner en processeurs. En Europe et en Amérique du Nord, ses smartphones ont peu à peu été vidés de leur substance malgré des innovations technologiques de pointe, en matière de photo, notamment.
Soucieux de s'émanciper des technologies américaines, Huawei s'est promis de concevoir son propre système d'exploitation, HarmonyOS, avec l'objectif d'en faire la troisième plateforme mobile de la planète avec Apple et Google.
Fruit de plusieurs années de développement et présenté pour la première fois en août 2019, HarmonyOS se veut une alternative chinoise multi-appareils à Android ou iOS.
L'idée est de réunir au sein d'un même écosystème les 190 millions de smartphones et tous les appareils connectés que la marque vend chaque année, des appareils électroménagers aux téléviseurs en passant par les produits audio, les PC portables et les montres connectées. Huawei souhaite briser les frontières entre leurs logiciels à la faveur d'un système unique qui ne requiert qu'un minimum de mémoire vive pour fonctionner et n'hésite pas à s'inspirer des meilleures fonctions des OS concurrents.
Basé sur une version open source d'Android, librement utilisable par tous les développeurs, HarmonyOS met l'accent sur les interactions avec les objets connectés, "un besoin auquel Android et iOS n'ont pas répondu", selon Huawei. La marque promet que les utilisateurs de smartphones HarmonyOS pourront facilement accéder à des fichiers, des documents et d'autres contenus sur des ordinateurs, des téléviseurs, des tablettes et les partager facilement de l'un à l'autre.
Un système de tag NFC doit permettre de jumeler rapidement tous les objets connectés Harmony sans passer par les étapes fastidieuses que l'on connaît actuellement. Et un panneau de contrôle, très inspiré de celui de l'iPhone, permettra de les piloter directement depuis un smartphone ou tout autre appareil équipé d'un écran.
À la manière d'Apple avec ses dizaines de produits et services, Huawei promet ainsi une véritable continuité d'expérience entre ses différents appareils. Il sera par exemple possible de connecter un casque ou des écouteurs à un téléviseur pour poursuivre le visionnage d'un film dans les oreilles plutôt que sur les hauts-parleurs. Il sera aussi possible de poursuivre un appel vidéo entamé sur son téléphone sur un plus grand écran ou encore de copier rapidement des applications d'un smartphone à un téléviseur, une tablette ou un PC portable.
Au-delà des promesses, plusieurs défis de taille se profilent désormais devant Huawei. La firme de Schenzhen va devoir faire la démonstration que son système HarmonyOS est au moins aussi performant que les solutions existantes qui permettent déjà de remplir ces usages chez la concurrence, au sein de l'écosystème d'Apple et dans une moindre mesure chez Samsung, notamment.
Huawei s'attaque ici à un Everest que Blackberry, Windows ou Amazon ont échoué à franchir jusqu'alors : imposer un système mobile alternatif à côté de ceux d'Apple et Google. L'entreprise devra pour cela convaincre suffisamment de développeurs de programmer leurs applications pour HarmonyOS afin de persuader le public de se tourner vers ses smartphones. Un travail déjà amorcé depuis plusieurs mois à grands renforts d'investissements.
Les analystes estiment que Huawei dispose de solides atouts pour remplir sa mission sur le marché chinois. Mais ils sont plus pessimistes sur les chances de voir l'entreprise réussir à inverser la tendance en Europe, où elle ne peut plus proposer aux utilisateurs de ses smartphones les applications américaines les plus populaires par défaut, sauf à passer par des circuits alternatifs plus fastidieux. HarmonyOS est disponible dès aujourd'hui en Chine sur une première série d'appareils et devrait être proposé progressivement aux autres produits et marchés de la marque dans les prochains mois.
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