Jean qui rit et Jean qui pleure, c’est ce qui s’est joué dans l’espace durant la nuit de lundi 16 à mardi 17 novembre. Jean qui pleure, c’est la fusée européenne d’Arianespace qui s’appelle Vega, lancée lundi en à partir de la base guyanaise de Kourou, avec à son bord deux satellites européens. Huit minutes après son décollage, c’est l’accident, elle dévie de sa trajectoire, mission et satellites ont alors été irrémédiablement perdus.
Jean qui rit, c’est le lanceur américain SpaceX, qui a propulsé avec succès une capsule contenant quatre astronautes, qui se sont arrimés sans encombre à la station spatiale internationale ISS. Il arrive que l’actualité soit cruelle, et qu’elle révèle, par la concomitance des événements qu’elle produit, une tendance de fond.
La messe n’est pas dite, mais le rapport de forces a changé. Il y a quelques années, c’était la fusée Ariane, européenne et largement française, qui était le leader, avec une fiabilité exceptionnelle dans le lancement des satellites. Au point que le spatial était, comme l’aéronautique, un domaine d’excellence français.
Pendant ce temps-là, les Américains avaient lâché le pied, après l’échec terrible de la navette Challenger. Et voilà que les choses s’inversent. Elon Musk, fondateur génial de Tesla, a créé SpaceX, une société qui s’appuie sur un lanceur réutilisable, et qui cartonne. Démarré sous les moqueries, SpaceX n’a pas connu d’échec depuis 2015, et propose des tarifs de lancement 40% inférieurs à ceux d’Ariane. Alors qu’Ariane, justement, vient d’être contrainte de décaler la mise en service de son nouveau lanceur, Ariane 6, à la mi-2022.
Concernant l'échec de lundi, une enquête est en cours, mais selon Ariane, il y aurait eu une inversion de câbles électriques dans le montage, réalisé en Italie. C’est le second échec de la fusée Véga en peu de temps, et c’est d’autant plus regrettable qu’Arianespace comptait sur le lanceur, plus léger qu’Ariane et moins cher, pour concurrencer SpaceX dans le lancement des petits satellites en orbite basse. Satellites pour lesquels la demande est attendue en forte hausse, car ils vont servir à augmenter considérablement les capacités de l’internet. Alors, soyons juste, Véga a quand même aussi réussi un lancement récemment, avec plusieurs dizaines de petits satellites.
Du côté de SpaceX, le succès s'explique par le talent de Musk, qui s’illustre aussi avec les voitures électriques Tesla. Mais aussi tout un écosystème financier qui n’existe pas chez nous. Aux États-Unis, tous les lancements institutionnels, ceux du Pentagone ou de la Nasa, se font avec des sociétés américaines. C’est une aide considérable pour SpaceX, dont Ariane ne bénéficie pas, car il y a beaucoup moins de lancements chez nous et bon nombre de gouvernements européens font appel à d’autres prestataires qu’Ariane.
Musk a également accès au financement privé, celui d’investisseurs qui parient sur son succès. Rien de tel chez nous, où il n’y a pas de capital privé qui soit prêt à prendre ces risques. Ajoutons, pour faire bonne mesure, la dispersion de la chaîne de fabrication industrielle d’Ariane, répartie sur 13 pays, c’est le travers européen, qui occasionne un surcoût de 15% environ. Mais il va falloir se ressaisir, car la concurrence n’est pas près de s’affaiblir. Musk veut déployer 40.000 satellites, Jeff Bezos, le patron d’Amazon, a lui aussi créé sa société de lancement, et Boeing se met aussi dans la partie.
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