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EA Sports FC 26 : pourquoi il faut se méfier du mode de jeu "Ultimate Team"

EA Sports a lancé le 26 septembre la dernière version de la célèbre simulation de football FC 26, qui truste chaque année les meilleures ventes des biens culturels. Un succès planétaire qui s'appuie notamment sur un mode de jeu ultra-compétitif et très addictif.

Le jeu EA FC 26

Crédit : Ina FASSBENDER / AFP

FC 26 : un casino dans la console ?

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Benjamin Hue

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C'est toujours un évènement majeur dans l'univers du jeu vidéo. L'éditeur nord-américain EA Sports a lancé vendredi 26 septembre la dernière version de la célèbre simulation de football EA Sports FC 26, anciennement FIFA. 

Après plusieurs éditions critiquées pour leur manque de renouvellement et l'orientation de plus en plus compétitive du gameplay, la franchise promet une année de transition avec notamment la possibilité de choisir entre deux modes de jeu, plus axé sur la compétition en ligne ou sur le réalisme hors-ligne, ainsi qu'un mode carrière enrichi et des améliorations visuelles censées offrir une immersion plus profonde.

Comme chaque automne, le succès s’annonce planétaire. Depuis plus de dix ans, les déclinaisons successives de FIFA puis d’EA Sports FC règnent sans partage sur le marché français du jeu vidéo. Le titre s’est aussi imposé comme le jeu le plus vendu en Europe l'an passé. À l’échelle mondiale, il figure parmi les leaders, avec environ 20 millions d’exemplaires écoulés chaque saison. Au total, la franchise a généré plus de 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires à travers le monde depuis sa création.

Mais ce ne sont pas les ventes du jeu qui rapportent le plus à son éditeur. La vraie machine à cash d'EA Sports, c'est Ultimate Team, un mode de jeu ultra-compétitif, qui s'est imposé comme le coeur économique de la franchise depuis sa création en 2009 à la faveur d'un système particulièrement addictif.

Le principe est séduisant : permettre à chacun de construire son équipe de rêve, faire jouer Zidane et Mbappé à côté de Ronaldo, ou cohabiter Yamal et Dembélé, par exemple. Pour cela, il faut collectionner des cartes de joueurs, qui s'achètent sur un marché virtuel, avec des crédits accumulés au fil des victoires et en remplissant des objectifs. Mais il est aussi possible de les récupérer dans des "packs" de joueurs, au contenu aléatoire, que l'on achète directement dans la boutique du jeu, avec de l'argent réel. Par exemple, pour 25 euros, on obtient 2.800 points virtuels, permettant d'acheter une quinzaine de packs basiques ou un seul pack premium avec la promesse d’une star.

Le problème, c’est que pour avoir une équipe compétitive sans y passer une dizaine d’heures par jour, les joueurs ont plutôt intérêt à sortir la carte bancaire. Fort des revenus colossaux accumulés au fil des ans, EA Sports a fait glisser Ultimate Team vers une logique toujours plus marquée de "pay to win", où payer devient la condition pour rester compétitif.

Les ressorts de ce mode rappellent ceux des jeu d’argent : l’espoir d’obtenir une carte rare, l’excitation de l’ouverture des packs, suivies bien souvent par la frustration et l’envie de retenter sa chance, tant les joueurs d’exception s’y font rares. Même les chanceux qui parviennent à bâtir une équipe solide voient leurs efforts fragilisés par un flux constant de promotions. Chaque semaine, de nouvelles cartes survitaminées, mises en avant par des influenceurs sur les réseaux sociaux, rendent les précédentes obsolètes, incitant à dépenser encore. Certains finissent par y engloutir des centaines voire des milliers d’euros. Sur les réseaux sociaux, on trouve de nombreux témoignages de joueurs estimant avoir développé une addiction à Ultimate Team. 

Une mécanique très rentable

Interrogé sur l'évolution de son mode de jeu phare, EA Sports n'avait pas donné suite aux questions de RTL à l'heure où était publié cet article. FC 26 n'est évidemment pas le seul titre à mettre en œuvre ce genre de mécanismes. De nombreux blockbusters, comme Apex Legends, Counter-Strike, Overwatch, Madden, NHL ou encore NBA 2K, y ont recours aussi. La mécanique varie parfois, mais la logique reste la même : payer du contenu aléatoire dans l'espoir de progresser plus vite. 

Les achats intégrés constituent désormais l’un des piliers économiques de l’industrie du jeu vidéo, avec plusieurs milliards de dollars générés chaque année. EA Sports ne détaille pas les revenus de chacun de ses titres (FC, Madden, NHL). Mais ses derniers rapports financiers sont parlants. En 2025, la division "live services", qui regroupe les contenus additionnels achetés après l’acquisition du jeu, a rapporté près de 5,5 milliards de dollars, soit 72 % du chiffre d’affaires annuel de l’éditeur.

Depuis plusieurs années, des associations tirent la sonnette d’alarme sur les risques liés à ces modes de jeu. La Belgique a d’ailleurs franchi le pas en 2019 en interdisant les packs payants au contenu aléatoire. En France, en revanche, aucune loi spécifique n’a encore été adoptée. Ces pochettes surprises virtuelles ne sont pas assimilées à des jeux d’argent, faute de preuve qu’elles permettent un gain monétisable. En 2020, une quinzaine de plaintes ont tout de même été déposées contre l’éditeur de FIFA pour "tromperie" et "jeux de hasard". Mais aucune condamnation publique n’a suivi à ce jour. Les autorités rappellent simplement que ces coffres numériques doivent respecter le droit de la consommation, à savoir informer clairement sur leur caractère aléatoire et éviter toute présentation trompeuse.

Pour profiter du jeu sans tomber dans l'excès, il est donc recommandé de mettre en place des garde-fous. Pour les parents, cela veut dire désactiver les achats intégrés, surveiller les relevés de comptes et instaurer des règles claires. Il faut aussi être attentif aux pictogrammes affichés sur les boîtes des jeux qui indiquent clairement s'ils comportent des achats intégrés ou non. Ensuite, il faut se fixer des limites personnelles : un budget mensuel précis ou aucune dépense. Car on peut très bien s’amuser sans posséder la dernière carte de Mbappé. FC 26 propose suffisamment de modes de jeu gratuits pour y passer des dizaines d'heures sans s'ennuyer.

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Retrouvez désormais "La règle d'or numérique" tous les samedi à 6h53 dans "RTL Week-end" présenté par Stéphane Carpentier.  Comment naviguer en toute sécurité sur Internet ? Quels sont les réglages à paramétrer pour protéger vos données personnelles ? Comment repérer les arnaques en ligne avant de tomber dans le panneau… Benjamin Hue, journaliste spécialiste des nouvelles technologies, répond ici aux questions que vous vous posez sur le numérique et  votre quotidien en ligne.

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