La nouvelle application de TikTok est dans le viseur des autorités françaises et européennes. Lancée discrètement dans l'Hexagone mi-avril, TikTok Lite, présentée comme une version plus économe en données que le service initial, a interpellé les pouvoirs publics par son mécanisme de récompenses - seulement disponible sur Android - qui incite les utilisateurs à passer un certain temps sur l'application pour récolter des pièces virtuelles. Une initiative agressive, vouée à conquérir de nouvelles parts de marché face à Instagram, et qui pose question à l'heure où la France et l'Union européenne déploient des efforts pour lutter contre l'addiction des mineurs aux écrans.
Positionnée au second rang des applications les plus téléchargées sur iPhone en France et à la troisième place sur Android, TikTok Lite entend "offrir aux utilisateurs la même expérience de visionnage de vidéos possible en utilisant moins de données, en favorisant l'expression personnelle et l'interaction avec la communauté des créateurs", indique la plateforme sur les stores iOS et Android. Elle offre aussi la possibilité de "participer à différentes actions et accumuler des points qui pourront être échangés contre des récompenses".
Concrètement, les utilisateurs gagnent des pièces virtuelles à l'inscription (300), puis jusqu'à 600 pièces pour chaque connexion quotidienne et 150 pièces tous les trois likes. Ils sont aussi incités à passer un certain temps sur l'application à raison de 150 pièces par minute d'attention, dans une limite de 4.200 pièces pour 25 minutes. Il est aussi possible d'accumuler les récompenses en invitant ses amis à rejoindre l'application et en se connectant quotidiennement pendant dix jours.
Ces gratifications peuvent ensuite être échangées contre des bons d'achat sur Amazon, des cartes-cadeaux sur Paypal ou être utilisées pour faire des dons à des influenceurs sur TikTok. Le taux de change est de 10.000 pièces pour un euro. Les utilisateurs sont donc incités à passer un maximum de temps sur TikTok Lite s'ils souhaitent engranger des euros virtuels. Un tableau de bord mis en avant sur la page d'accueil de l'application leur permet de mesurer leur progression à tout moment à la manière d'un jeu mobile qui n'est pas sans rappeler le design de Temu, une autre application chinoise décriée pour ses pratiques commerciales agressives et l'ampleur de ses collectes de données.
Sollicité par RTL, TikTok assure avoir mis en place plusieurs garde-fous. Des fonctionnalités permettant de limiter le temps d'écran sont mises à disposition des utilisateurs, comme sur son application vedette. Le mécanisme de récompenses n'est pas ouvert aux moins de 18 ans, qui ne peuvent pas transformer leurs pièces virtuelles en bons d'achat ou en cartes-cadeaux. L'entreprise dit appliquer des procédures pour s'assurer de l'âge des utilisateurs et notifier les usagers âgés de 13 à 17 ans pour les encourager à migrer vers l'application TikTok principale. Enfin, la durée maximale de visionnage de vidéos récompensées est de 60 à 85 minutes par jour.
Ces limitations n'ont pas convaincu les autorités. La secrétaire d'État au Numérique Marina Ferrari a indiqué le 11 avril sur X avoir "accueilli avec inquiétude" le lancement de cette application, "à un moment où nous avons collectivement entamé une réflexion sur le temps d'écran". Selon elle, "le mécanisme de rémunération proportionné au temps de visionnage (...) est une dérive contestable de notre espace numérique et est à l'opposée des principes de la société numérique que nous voulons bâtir".
La question du blocage de l'application n'est toutefois pas à l'étude en France, où TikTok compte plus de 20 millions d'adeptes. Les autorités s'en remettent à l'Europe pour statuer sur le sujet. "La Commission européenne est le régulateur des grandes plateformes dans le cadre du DSA. Une enquête y est déjà ouverte et TikTok Lite n'est pas de nature à plaider la cause de TikTok qui contrevient dans les faits à tous ses discours en faveur de la protection de l'enfance"", explique-t-on au cabinet de Marina Ferrari.
Le réseau social chinois est en effet visé depuis le 19 février par une procédure formelle afin de déterminer si ses pratiques contreviennent au règlement européen sur les services numériques. Les inquiétudes de l'exécutif européen portent en particulier sur la protection des mineurs et la conception addictive de l'application. Sollicitée par RTL, la Commission européenne confirme que le sujet de TikTok Lite est à l'étude et qu'un contact a été initié avec l'entreprise pour en savoir plus sur l'application. Une demande d’information a été adressée à TikTok ce mercredi 17 avril.
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