Quelles sont les tendances technologiques qui vont entrer dans notre vie en 2025 ? Le grand salon de l'innovation CES se tenait du 7 au 10 janvier à Las Vegas. S'il a quelque peu perdu de son influence lors de la dernière décennie avec la généralisation des keynotes organisées directement par les marques, l'événement, qui a révélé des innovations comme le magnétoscope, le lecteur DVD ou la 4G par le passé, reste un rendez-vous majeur de l'industrie technologique.
Tout le long de la semaine, des centaines de marques et d'exposants venus du monde entier ont présenté au royaume du casino les produits et les avancées logicielles qui promettent d'améliorer le quotidien dans tous les secteurs d'activité.
L'événement a confirmé la domination de l'intelligence artificielle dans l'électronique grand public. Deux ans après la révolution ChatGPT, l'IA générative s'est imposée comme la technologie phare du salon, transformant les objets du quotidien en appareils intelligents capables d'interagir naturellement avec les utilisateurs. Quasiment aucun exposant ne s'est affiché sans une IA cette année. La technologie s'intègre désormais dans une multitude d'appareils, des téléviseurs aux réfrigérateurs en passant par les voitures et les miroirs, offrant des fonctionnalités d'analyse avancées et une assistance vocale perfectionnée.
Signe de la place centrale prise par l'IA dans l'industrie, la star du CES se nommait cette année Nvidia. L'entreprise spécialisée dans la conception de puces et de cartes graphiques est devenue la plus valorisée de la planète depuis l'explosion du narratif autour de l'intelligence artificielle. La conférence donnée la veille de l'ouverture au public du salon par son directeur général Jensen Huang, accueilli à Vegas comme une rock star, a posé les bases de la nouvelle ère de l'informatique qui se profile avec le passage de l'IA du cloud vers les appareils eux-mêmes.
La marque a présenté de nouvelles gammes de processeurs destinées à développer l'IA et faire tourner des interfaces auparavant trop puissantes sur les ordinateurs personnels. Aujourd'hui, les requêtes complexes adressées aux modèles d'IA génératives doivent forcément passer par des serveurs informatiques distants. Bientôt, ces interactions seront traitées localement sur un mobile ou un ordinateur sans connexion à Internet, garantissant ainsi une meilleure confidentialité et l'émergence d'expériences plus personnelles.
D'après le cabinet Canalys, les PC adaptés à l'IA générative représenteront environ 40% des ventes cette année et le chiffre fera plus que doubler d'ici 2028. Ces machines permettront des expériences utilisateurs améliorées, avec des assistants virtuels capables d'assister l'utilisateur dans toutes ses tâches du début à la fin d'une session, et une sécurité renforcée. Ces nouvelles configurations pourraient également allonger de quasiment de moitié l'autonomie des appareils. Nvidia a indiqué que les ordinateurs portables adaptés à l'IA générative équipés de la configuration la moins avancée de sa puce graphique serait proposés à partir de 1.299 dollars. Acer, Asus, Dell, HP ou Lenovo sont déjà sur les rangs.
Les fans de jeux vidéo ont aussi accueilli avec enthousiasme l'arrivée de nouvelles cartes graphiques basées sur l'architecture Blackwell, utilisée jusqu'ici par Nvidia dans ses puces pour le cloud et les centres de données, qui promet d'améliorer le réalisme des jeux et la qualité de l'image en général sur les PC. Le groupe de Santa Clara a aussi annoncé le projet Digits, un supercalculateur personnel au format de station de travail ultra compacte capable de faire tourner des modèles d'IA sur des systèmes informatiques de bureau sans connexion au cloud.
L'intelligence artificielle fait aussi bouger les lignes chez les acteurs de la télévision, l'un des secteurs historiquement les plus en verve du CES. L'an passé, les marques s'étaient évertuées à démontrer comment cette technologie pouvait améliorer la qualité de l'image de leurs écrans les plus imposants. Cette année, elles ont surtout mis en avant son potentiel dans la vie quotidienne des téléspectateurs à travers la place centrale que sont appelés à occuper les assistants IA, capables de dialoguer avec les humains et les autres appareils de la maison.
Dans un premier temps, ces assistants ont vocation à faciliter les interactions avec les écrans, comme une télécommande vocale. Le coréen Samsung a présenté les nouveautés de sa suite logicielle Vision AI qui permet d'obtenir à la volée des informations sur les éléments (acteurs , recettes, lieux) diffusés à l'écran ou encore de traduire en temps-réel les sous-titres des contenus en langue étrangère pour profiter facilement des programmes internationaux. Chez LG, l'IA aide le téléspectateur à trouver des programmes adaptés en fonction de son historique d'utilisation de l'écran. Acteur émergent du secteur, Google a intégré son modèle d'IA Gemini dans les smart TV afin de permettre aux utilisateurs de parler directement à leur écran sans passer par la télécommande mais aussi de piloter les appareils connectés du foyer.
Par la suite, les marques entendent miser sur la meilleure compréhension du contexte conversationnel pour imposer leurs assistants IA au carrefour de l'expérience domestique, avec des agents capables de comprendre le consommateur, d'interagir avec lui et d'anticiper ses besoins en lien avec les différents appareils ménagers. Ces IA ont également vocation à fonctionner avec les concepts de robots domestiques développés par ces mêmes entreprises pour patrouiller dans la maison et effectuer diverses tâches, de la surveillance à la gestion des appareils connectés en passant par la diffusion de vidéos et d'appels et la gestion de la température et de l'éclairage. Le plus célèbre d'entre eux, Ballie, le petit droïde sphérique de Samsung, sera d'ailleurs lancé au premier trimestre aux États-Unis.
Les progrès de l'IA infusent également le champ de la santé connectée, l'un des thèmes dominants du CES depuis la dernière décennie. En favorisant des interactions plus naturelles avec les humains et des analyses plus approfondies des données, l'IA trouve des débouchés naturels dans de nombreuses innovations destinées à surveiller des constantes ou détecter des anomalies. Le français Withings a notamment présenté Omnia, un concept de miroir connecté futuriste capable d'agréger de nombreuses données médicales (fréquence cardiaque, activité physique, nutrition, poids, métabolisme, sommeil) issues d'autres objets connectés et de fournir une analyse complète de l'état de santé tout en interagissant à la voix avec l'utilisateur. En cas de besoin, le miroir peut même lancer directement une téléconsultation avec un médecin.
Les allées du CES ont également consacré certaines tendances, comme le dynamisme du marché des seniors. Alors que la part des plus de 65 ans augmente plus rapidement que le nombre de personnes jeunes, de nombreux produits présentés à Vegas avaient vocation à apaiser les problématiques des personnes âgées et faciliter la vie pour rester à domicile de façon autonome, comme des robots de compagnie qui apaisent les personnes souffrant d'Alzheimer, des aides auditives assistées par l'IA ou des capteurs de toilettes pour détecter les infections urinaires.
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