CES de Las Vegas : du magnétoscope à l'IA, 50 ans d'innovation au plus grand salon high-tech au monde

Vous avez sans doute entendu parler du CES ces derniers jours. Le CES, trois lettres qui désignent le Consumer Electronics Show, c'est le salon de l'électronique grand public, une grand-messe de l'innovation qui se tient depuis des années au royaume du casino à Las Vegas, dans le Nevada. L'édition 2024 s'est ouverte ce mardi jusqu'au samedi 12 janvier. Avec près de 1.200 startups, 4.000 exposants et 135.000 visiteurs attendus, le CES est un rendez-vous majeur de l'industrie technologique. 

"Le CES, ce n'est pas vraiment un salon grand public, même si avec la couverture médiatique qu'il y a chaque année, on a l'impression qu'on vit ce salon par procuration. En réalité, il y a surtout des journalistes et des professionnels. L'entrée dans ce salon est d'ailleurs payante pour les professionnels : au moins 350 dollars l'entrée et plus de 1.500 dollars si vous voulez assister aux conférences les plus grandes marques. Pas pour les journalistes, qui sont invités par les marques", souligne Arnaud Tousch, correspondant de RTL aux Etats-Unis. "

"Sur place, c'est un peu une grande course contre-la-montre au royaume du casino. Les journalistes courent entre les conférences des fabricants et les rendez-vous avec les startups pour tester les dernières innovations et couvrir les annonces. Tout ça se passe à la fois dans un grand parc des expositions et dans les halls des hôtels qui bordent le Strip, la grande avenue qui traverse Las Vegas", explique Benjamin Hue, journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies pour RTL.

Le CES a introduit le magnétoscope, le lecteur CD, le DVD et la 4G

Le CES est un salon qui a plus de 50 ans d'existence. "Le tout premier CES s'est tenu à New York en 1967 dans 2 halls d'hôtel près de Times Square avec 17.000 visiteurs et une centaine d'exposants", rappelle Arnaud Tousch. En près d'un demi-siècle, l'événement a révélé plusieurs innovations qui ont bouleversé la vie quotidienne, comme le magnétoscope. "C'était en 1970. Une antiquité à l'heure où on regarde la télévision en streaming. Il y a aussi eu la présentation du lecteur CD de Sony en 1981. En 1996,  il y a eu une petite révolution qui s'est jouée avec le DVD, le successeur de la bonne vieille cassette VHS", énumère Arnaud Tousch. Le CES a également introduit la 4G, présentée en 2011 comme une révolution pour les réseaux et les communications. 

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Un peu plus d'une décennie plus tard, le maître-mot du salon est l'intelligence artificielle. "Un an après la révolution ChatGPT, l'enjeu c'est d'intégrer l'IA dans la vie de tous les jours. On a une marque qui a développé un vélo électrique avec ChatGPT pour discuter avec le robot pendant son trajet, suivre un itinéraire ou un entraînement. Une autre présente une étonnante poussette intelligente capable de détecter les obstacles et dotée d'une aide au parking intégrée et d'un mode berceuse. Dans les jeux vidéo, le fabricant de cartes graphiques Nvidia a présenté une technologie pour rendre vivant les personnages non joueurs. Et l'IA est à tous les étages dans l'électroménager avec un robot aspirateur autonome capable de distinguer les tâches et la poussière ou des frigos qui surveillent vos aliments", résume Benjamin Hue.

L'intelligence artificielle s'invite aussi dans la voiture. Car le CES est devenu l'un des rendez-vous les plus importants de l'industrie automobile ces dernières années. Et pour la voiture aussi, la tendance est l'IA cette année. "L'IA joue un rôle dans la conduite automatisée et l'expérience du cockpit. Vous pouvez interagir avec ChatGPT dans la voiture et celle-ci vous lira des résultats. Vous pouvez aussi donner des instructions pour régler le chauffage ou son siège", résume Thomas Weber, directeur associé et expert automobile au Boston Consulting Group, joint par RTL.

L'autre grande tendance du salon, ce sont les télévisions. Le CES donne chaque année le ton des innovations qui porteront le secteur lors des mois à venir. Ces derniers jours, la sensation ce sont les écrans transparents. "L'effet "Wahou" est garanti. Il suffit d'actionner une commande pour que la dalle noire du téléviseur s'efface comme un voile qui se replierait pour laisser apparaître l'environnement derrière les pixels à l'écran. L'idée, c'est d'avoir des TV qui s'intègrent toujours plus à leur environnement. Un peu comme la TV The Frame, de Samsung qui peut se muer en tableau", explique Benjamin Hue. 

De grands noms de l'industrie

Le CES rassemble la plupart des grands noms de l'industrie. Mais l'entreprise la plus célèbre de la tech brille chaque année par son absence. "Apple boude en quelque sorte cette grand-messe de l'électronique mondiale et fait ses présentations à part, toujours un peu au-dessus de la mêlée. Et ça marche car l'iPhone est un succès commercial mondial sans bénéficier de la publicité liée au CES", décrypte Arnaud Tousch.

Mais Apple n'est jamais bien loin de l'événement. "La marque se sert du CES pour communiquer et court-circuiter un peu les annonces de ses concurrents. Cette année, Apple a annoncé la date de sortie de son casque de réalité mixte, le Vision Pro, et les autres marques courent désormais après au CES", souligne Benjamin Hue.

De son côté, Samsung est l'un des acteurs les plus influents du salon. "Pas forcément avec le mobile. Comme Apple, Samsung organise maintenant ses propres conférences smartphones. Au CES, Samsung est surtout un géant de l'électroménager et propose sur ses stands tout un lot de frigos, plaques de cuisson, fours ou machines à laver intelligents. La marque présente aussi cette année Ballie, un petit robot assistant en forme de boule de bowling dédié à toutes sortes de tâches domestiques comme la surveillance du chien ou le contrôle des objets connectés", raconte Benjamin Hue.

La France bien représentée

Ce grand rendez-vous de la technologie revêt aussi une dimension politique. On se souvient du déplacement d'Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie, en 2015 et 2016 sous les viva des entrepreneurs de la French Tech avec son slogan "France is back".

L'ancien Premier ministre François Fillon s'y était aussi rendu début 2017 pour travailler son image de technophile. Cette année, "pas de ministre ni de secrétaire d'État à l'horizon", explique Benjamin Hue. "Tous sont concentrés sur le remaniement en cours. Mais une personnalité de marque s'est tout de même invitée sur les stands de la French Tech, le patron de Microsoft Satya Nadella". La France est d'ailleurs toujours l'une des principales délégations étrangères du CES avec un peu moins de 150 exposants présents sur place.

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