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Jeûnes extrêmes, régimes sans sucre et “thérapies quantiques”, ces idées reçues peuvent mettre des vies en danger. (Illustration)
Crédit : Photo du National Cancer Institute (Unsplash)
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Les réseaux sociaux ont ouvert un espace inédit de partage. Désormais, chacun peut raconter ses symptômes, son parcours de soin, les effets d’une chimiothérapie ou la manière dont la maladie évolue. Pour Jimmy Mohamed, médecin et chroniqueur dans "Ça va beaucoup mieux" sur RTL, cette libération de la parole est précieuse. Mais elle a aussi son revers : "Quand je vois ce que certains proposent en commentaire, je suis effaré", confie-t-il, en révélant les remèdes contre le cancer partagés par certains utilisateurs.
Parmi ces dérives, l’idée selon laquelle on pourrait vaincre un cancer en supprimant totalement le sucre. "On dit que la cellule cancéreuse se nourrit de sucre. C’est vrai qu’elle a besoin d’énergie pour fonctionner. Mais si vous supprimez le sucre, vous n’allez pas guérir du cancer", explique le médecin. Les cellules cancéreuses s’adaptent, puisent ailleurs. Le régime sans sucre n’a aucun effet thérapeutique : il est même contre-productif.
Autre conseil toxique largement relayé : le jeûne prolongé comme remède miracle. Jimmy Mohamed rappelle qu’un jeûne intermittent peut avoir un intérêt pour la santé en diminuant certains marqueurs d’inflammation. Mais se priver de nourriture pendant 48 à 72 heures, en pleine maladie, met la vie en danger. "Vous risquez de mourir des conséquences du jeûne, c’est-à-dire de la dénutrition", prévient-il.
Certains vont jusqu’à conseiller d’abandonner la chimiothérapie au profit d’un jeûne strict, censé “tuer les cellules cancéreuses”. "Si c’était si simple, on le recommanderait", tranche-t-il. La réalité est que le jeûne prolongé n’a aucune capacité à guérir un cancer. Il fragilise, affaiblit, et peut être fatal.
Dans “le festival des idées reçues”, comme il l’appelle, le médecin cite aussi le curcuma. Oui, l’épice contient de la curcumine, un anti-inflammatoire intéressant. Oui, elle peut participer à une bonne hygiène de vie. Mais non, elle ne remplace pas une immunothérapie ou une thérapie génique. "Si vous voulez en mettre dans un plat, pourquoi pas, mais ça ne guérit pas du cancer", insiste Jimmy Mohamed.
Même constat pour les jus de légumes et leurs “antioxydants miraculeux”. Rien de tout cela ne soigne un cancer, et toute pratique alternative ne doit jamais se substituer à un traitement médical.
Les dérives les plus graves viennent souvent de praticiens autoproclamés, sans titre reconnu. "Méfiez-vous des termes comme magnétique, quantique, vibratoire, reconnexion, mémoire cellulaire", prévient le médecin. Ce sont les signaux d’alarme d’un discours pseudo-scientifique.
Pour autant, Jimmy Mohamed ne jette pas l’opprobre sur toutes les médecines complémentaires. Acupuncture, hypnose, sophrologie peuvent accompagner un traitement, soulager, aider. "Faites-le, si vous le souhaitez. Je ne suis personne pour vous juger. Mais parlez-en à votre médecin, et surtout, n’interrompez jamais les traitements conventionnels", réaffirme Jimmy Mohamed.
Face à la surabondance de conseils en ligne, parfois donnés par de véritables patients, le médecin appelle au discernement. Ce n’est pas parce qu’on a vécu la maladie qu’on peut dicter la conduite à suivre. "Sur les réseaux, on s’improvise tous docteurs, ChatGPT, spécialistes… Mais ce n’est pas parce que vous avez un cancer que vous êtes légitime pour donner des conseils sur le cancer",conclut-il.
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