Nestlé : comment les eaux minérales du groupe ont-elles pu être contaminées ?

Vittel, Perrier ou encore Contrex... Le groupe Nestlé est à nouveau mis en cause. L'Agence de sécurité sanitaire (Anses) évoque un "niveau de confiance insuffisant" pour assurer la qualité sanitaire de ces eaux minérales. Elle recommande ainsi une surveillance renforcée sur les sites de captage. 

Alors peut-on continuer à les boire ? "Il est clair que le flou règne sur la qualité sanitaire de ces eaux", affirme Anaïs Le Bouffant, directrice des programmes du Réseau environnement santé, une association qui travaille sur l'exposition aux polluants et aux perturbateurs endocriniens, invitée de RTL ce vendredi 5 avril. "On ne peut pas dire que la situation des eaux en bouteille de cet industriel ait été marqué par une grande transparence depuis le début de l'histoire", souligne-t-elle.

La présidente de Nestlé France affirme pourtant que son groupe a intensifié la surveillance des forages, sous le contrôle des autorités. "Chaque bouteille qui sort de nos sites peut être bue par les consommateurs en toute sécurité", martèle-t-elle. De son côté, Anaïs Le Bouffant explique que l'eau "pompée dans les nappes profondes est, elle, polluée : à la fois par des polluants micro-biologiques (des bactéries, des virus) et des polluants chimiques issus en général de l'activité humaine".  

C'est quand même anormal de constater qu'on a des nappes phréatiques profondes polluées à ce point

Anaïs Le Bouffant à RTL

"Quand on vend de l'eau en bouteille qui s'appelle 'eau minérale naturelle' ou 'eau de source' et qu'elle doit faire l'objet de multiples traitements, certains complètement illégaux, pour pouvoir la vendre, cela pose quand même problème", insiste la directrice des programmes du Réseau environnement santé. 

"Cette question soulève énormément d'interrogations, a-t-elle poursuivi. Elle nous incite à réfléchir à la façon dont on peut éviter cette pollution à la source". "C'est quand même anormal de constater qu'on a des nappes phréatiques profondes polluées à ce point", s'indigne-t-elle. L'eau généralement utilisée par les vendeurs d'eau en bouteille est pompée dans des nappes souterraines. "Elle est censée être extrêmement pure, très profonde sous la terre", précise-t-elle. "Théoriquement, avec l'appellation 'eau de source', il ne devrait pas y avoir de traitement".

"Nous avons une réflexion à avoir sur la façon dont on produit, dont on contrôle les effluents des industries, le type de substances qu'on autorise, pour qu'on puisse éviter, à la source, de produire des substances dont après, on ne peut pas se débarrasser", a encore insisté Anaïs Le Bouffant. "L'eau du robinet, moins chère, est traitée et très contrôlée. Les résultats sont publics. Une transparence plus grande l'entoure", a-t-elle conclu.