La promotion des laboratoires pharmaceutiques de leurs médicaments envers les médecins semble plutôt efficace. Depuis 2013, 90% des médecins généralistes français ont reçu de la part des labo au moins un cadeau. Dans le même temps, une étude parue mercredi 6 novembre dans la revue British medical journal note que les prescriptions sont "plus chères et de moindre qualité".
Si les résultats ne démontrent pas de lien de cause à effet direct, ils "renforcent l'hypothèse selon laquelle l'industrie pharmaceutique peut influencer les prescriptions des médecins généralistes", soulignent l'université, le CHU et l'École des hautes études en santé publique dans un communiqué. L'influence peut se faire "inconsciemment", soulignent les auteurs de l'étude, mais "peut conduire à choisir un traitement qui n'est pas optimal, au détriment de la santé du patient et du coût pour la collectivité".
L'étude, la première de cette ampleur en France, repose sur le croisement de deux bases de données : le portail Transparence Santé, sur lequel les médecins doivent déclarer tous les "liens d'intérêt" des professionnels de santé à partir d'un montant de 10 euros, et le Système national des données de santé qui recense consultations, actes médicaux, prescriptions de médicaments et hospitalisations remboursés.
Le résultat est sans appel : "en moyenne", "le groupe de médecins n'ayant reçu aucun avantage (...) est associé à des prescriptions moins coûteuses, plus de prescriptions de médicaments génériques par rapport aux mêmes médicaments non génériques". Et plus le montant total des avantages perçus est élevé plus le surcoût moyen par prescription augmente.
"Les firmes pharmaceutiques dépensent énormément d'argent dans la promotion des médicaments (23% de leur chiffre d'affaires soit plus que pour la recherche) dont les cadeaux ne sont qu'une partie", souligne le Dr Goupil, citant un rapport de la Commission européenne publié en 2009. "Il semble peu probable que cet argent soit dépensé à perte", ajoute-t-il.