INVITÉ RTL - "Le taux de troubles émotionnels a considérablement augmenté", assure un pédopsychiatre
Invité de RTL jeudi 16 mai, le pédopsychiatre Manuel Bouvard est revenu sur une étude qui montre que les hospitalisations des adolescentes ont bondi.
Selon un rapport de Santé publique France, les hospitalisations en psychiatrie chez les filles de 10 à 14 ans ont été multipliées par plus de trois en 2021-2022, par rapport à la période précédente. L'étude alerte également sur l'automutilation. Les scarifications et les brûlures sont en forte hausse, chez les jeunes filles notamment.
Tous les milieux sociaux et toutes les régions sont concernés. "C'est un phénomène qu'on rencontre très nettement depuis une dizaine d'années, qui s'est considérablement amplifié depuis la période du covid", a expliqué Manuel Bouvard, pédopsychiatre à l'hôpital Charles Perrens de Bordeaux et contributeur au livre La santé mentale en France (LEH Éditions), invité de RTL, jeudi 16 mai.
"Le taux de troubles émotionnels au sens large a considérablement augmenté depuis ces quatre, cinq dernières années", a ajouté le médecin. Selon lui, des tentatives de suicide et des scarifications ont été repérées dans la fréquentation des urgences, depuis les années 2015.
Ces troubles ont ensuite été amplifiés durant le covid. "Il y a eu le confinement, la perte des relations amicales, qui touche quand même beaucoup ces populations adolescentes", a indiqué Manuel Bouvard. Des violences intrafamiliales ont pu augmenter ce mal-être. "Il y a un effet aussi sociétal indirect sur ces jeunes", a-t-il assuré.
Les jeunes adolescents particulièrement touchés
"Quand la société ne va pas bien, vous avez un impact sur la jeunesse. Ils ont une perception beaucoup moins épanouie de leur vie et surtout une perception beaucoup moins épanouie de leur futur", a-t-il précisé. Le pédopsychiatre indique que la tranche d'âge 12-18 ans a été très touchée et particulièrement les jeunes adolescents.
Manuel Bouvard a souligné le fait qu'il était plus facile de parler de son état psychologique. "Je trouve que c'est plutôt un phénomène positif", a-t-il assuré. Selon lui, les soignants parviennent à faire face, mais "dans des conditions qui se sont considérablement dégradées". Le gouvernement a mis en place "Mon soutien psy", avec huit séances de psy remboursées par an.
"Ce n'est pas suffisant", a estimé le médecin qui juge que le dispositif n'a pas pris en compte les besoins des psychologues ou la pédopsychiatrie. "Le nombre de psychiatres d'enfants a diminué considérablement depuis dix ans. [...] Vous avez des départements en France, en 2024, où il n'y a plus de pédopsychiatre", a-t-il alerté. Selon lui, les signes qui peuvent alerter les parents sont multiples. "Il faut surtout repérer une rupture dans le fonctionnement", a-t-il conclu.
