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Santé mentale : 13% des enfants présentent des troubles probables
13% des 6-11 ans présentent un trouble probable de la santé mentale, selon une étude nationale menée auprès de plus de 8.000 élèves du CP au CM2, mais aussi auprès de leurs parents et de leurs enseignants.
Un enseignant devant ses élèves. (illustration)
Crédit : DAMIEN MEYER / AFP
La crise liée à la pandémie de COVID-19 a fait émerger un besoin criant de prévention, d’accompagnement et de prise en charge des enfants et des jeunes en souffrance psychologique. En 2022, Santé publique France a donc mené, avec l’appui des ministères chargés de la Santé et de l’Éducation nationale, ainsi que des acteurs agissant auprès des enfants et des jeunes, une étude visant à produire des indicateurs sur le bien-être et la santé mentale des enfants. Cette étude est intitulée "ENABEE" (Étude Nationale sur le Bien-Être des Enfants).
Les résultats sont publiés ce mardi 20 juin : un peu plus d'un enfant sur dix, 13% des 6-11 ans, présentent un trouble probable de la santé mentale, 5,6% un trouble émotionnel, 6,6% un trouble oppositionnel et 3,2% un trouble du déficit de l'attention. (Les troubles oppositionnels et le déficit de l'attention constituent les troubles du comportement).
Une enquête à grande échelle inédite
Les troubles émotionnels, c'est-à-dire l'anxiété de séparation ou les phobies, sont plus fréquentes chez les filles. Et les troubles du comportement (les humeurs colériques par exemple, l'inattention, l'hyperactivité, l'impulsivité) on les trouve plus souvent chez les garçons. Identifiés précocement, ces troubles seront plus faciles à prendre en charge.
13% en France, c'est du même ordre de grandeur que d'autres études menées à l'internationale : une enquête européenne de 2010 dans 7 pays concluait à 12,8% d'enfant de 6-11 ans présentant un trouble de la santé mentale, et en Angleterre une enquête de 2017 (avant Covid) évaluait à 9,4% la proportion des 5-10 ans présentant un trouble.
La force et l'originalité de cette première enquête inédite ENABEE en France, c'est qu'elle a été menée auprès de plus de 8.000 enfants du CP au CM2, interrogés directement. Des enquêteurs se sont déplacés en classe dans quelque 400 écoles publiques et privées, les élèves munis de tablette ont répondu à un questionnaire, casque sur les oreilles.
Exemple de question : "Est-ce que tu t'inquiètes beaucoup de ton image ?" La question est lue et accompagnée d'un petit dessin : un enfant qui se regarde dans un miroir. Il faut répondre par oui ou non. Autre exemple : "Es-tu malade quand tes parents s'en vont ?" Et puis il y a des questions qui impliquent une réponse sur une échelle de fréquence, comme par exemple : "La semaine dernière, as-tu beaucoup ri ?" Les enfants se positionnent alors entre "jamais" et "toujours".
Des troubles "estimés à travers un questionnaire"
Les résultats de l'étude sont aussi basés sur le regard croisé des élèves, de leurs parents et de leurs enseignants. Les parents ont répondu à des questions sur leur enfant. Par exemple : "Est-ce qu'il est sensible aux autres ?" "Est-ce qu'il parait souvent soucieux ?" Et les enseignants avaient eux à remplir un questionnaire sur chacun des élèves de leur classe.
"On parle de troubles 'probables' de la santé mentale parce qu'il ne s'agit pas d'un diagnostic clinique posé par un professionnel, mais bien des troubles estimés à travers un questionnaire épidémiologique", explique Nolwenn Regnault, épidémiologiste, responsable de l'unité santé périnatale, petite enfance et santé mentale à Santé publique France au micro de RTL.
L’étude ENABEE permet d’acquérir des connaissances scientifiques nouvelles. "C'est un enjeu de santé publique, c'est l'affaire de tous", conclut Nolwenn Regnault. Les résultats seront utiles pour l’amélioration des politiques publiques en matière de prévention, de prise en charge, et in fine d’épanouissement des enfants, jusqu’à leur vie d’adulte.
