L’hyperphagie consiste à engloutir de grosses quantités de nourriture, que ce soit pendant ou en dehors des repas. Tout le monde peut faire un excès alimentaire, notamment pendant la période des fêtes, et ce n'est pas grave. Mais si on le répète de façon incontrôlable, cela devient alors pathologique et entraîne un surpoids. C’est un trouble dont on parle assez peu alors qu’il est assez fréquent. Cela concerne près de 4% de la population et touche presque autant les hommes que les femmes.
Être hyperphagique, ce n’est pas simplement être bon vivant et avoir du mal à s’arrêter de manger. Dans ce cas, on mange bien au-delà de sa faim. On ne peut pas s’empêcher de manger et ce n’est pas agréable. C’est assez proche de la boulimie - d’ailleurs on parle d’hyperphagie boulimique – sauf qu’il n’y a jamais de comportements compensatoires pour prévenir la prise de poids, comme le fait de vomir après ou de prendre des laxatifs. Ce qui peut arriver en cas de boulimie.
Ces excès alimentaires peuvent survenir pour calmer des tensions émotionnelles, une angoisse, pour remplir un vide psychologique. L’hyperphagie s’accompagne souvent d’anxiété ou de dépression. Comme les personnes atteintes d’hyperphagie ont le sentiment d’être incapables de se contrôler, elles ressentent souvent une grande souffrance, de la honte et de la culpabilité. C’est l’une des raisons pour laquelle elles n’osent pas consulter. Pourtant, il ne s’agit pas d’un manque de volonté, mais bien d’un trouble mental reconnu depuis 2013 par l’Association américaine de psychiatrie.
Le chemin de la guérison peut être plus ou moins long car le fait de chercher du réconfort dans l’alimentation peut se mettre en place tôt, dès l’enfance. "L’hyperphagie, comme d’autres troubles alimentaires, peut d’ailleurs se transmettre de génération en génération, explique Isabelle Siac, psychologue, spécialisée dans les troubles alimentaires. Le trouble pouvant être ancien, il faut travailler dans le temps pour que la personne déconstruise certaines croyances alimentaires, s’habitue à se réconforter différemment. On peut aussi intervenir sur les circonstances qui favorisent les prises alimentaires", ajoute la psychologue.
Le régime n’est pas la solution car l’hyperphagie est un trouble psychologique. C’est penser à l’alimentation tout le temps. Tout est prétexte à manger. C’est quelque chose qui vous obsède comme une addiction. Alors, dire à une personne hyperphagique qu’elle doit manger moins et bouger plus, ça ne marche pas.
Même si les personnes hyperphagiques sont en surpoids, les restrictions ne traitent pas le problème. Au contraire, elles favorisent la perte de contrôle. Ce qu’il faut, c’est de rétablir une relation saine avec la nourriture.
On peut consulter un médecin, un diététicien ou un psychologue formé aux troubles du comportement alimentaire. Cependant, l’accès difficile à ce