La Haute Autorité de Santé a rendu, ce mercredi 15 mai, un projet d'avis allant semble-t-il vers le déremboursement de l'homéopathie. À ce jour, les granules sont remboursées à hauteur de 30% par la Sécurité Sociale.
Le débat fait rage, au sein même de la profession. François Chast, pharmacien des hôpitaux et président honoraire de l'Académie de Pharmacie, est favorable au déremboursement, objet de la controverse. Car pour le pharmacien, la situation "n'a rien d'exceptionnel", puisqu'il y a eu dans le passé d'autres déremboursements, dont ceux "des médicaments veinotoniques, et d'un grand nombre de médicaments anti-arthrosiques", considérés à l'instar de l'homéopathie, par la Haute Autorité de Santé, comme inefficaces.
Une raison qui, pour le pharmacien, justifie que la collectivité publique renonce à s'engager dans le remboursement de produits qui "n'ont aucun intérêt thérapeutique".
Pour 33% de Français - premiers utilisateurs au monde - qui y ont régulièrement recours, François Chast indique cependant qu'il "ne s'agit pas d'interdire l'homéopathie". Pour le président, il n'est pas question de "rejeter deux tiers des Français", qui l'utilisent fréquemment, mais de "faire en sorte que le financement publique ne serve pas au remboursement de médicaments qui n'ont pas d'efficacité".
Concernant le financement, le pharmacien précise que la question n'est pas d'évaluer le coût exact de chaque granule consommée, mais de savoir "combien coûte la prise en charge de santé d'un patient qui suit de l'homéopathie", comparée à celui qui ne suit pas un tel traitement. Les premiers, souligne François Chast, "coûtent 20% de plus à l'assurance maladie".
Un surcoût qui, selon lui, s'explique par le "nomadisme" de ces patients, qui vont "d'un médecin à l'autre", et le fait qu'ils "multiplient les actes de diagnostics et de consultation". Une réalité qui, selon le spécialiste, est appuyée par des études qui ont montré que l'homéopathie n'est pas une "économie pour le système de santé".
Par ailleurs, l'homéopathie, à certains égards, représenterait un danger potentiel pour les patients, en retardant une prise en charge adéquate. François Chast met en garde contre ce qui est "présenté comme des vaccins homéopathiques", et ne contient "que de l'eau et du sucre". Il pointe aussi les associations "irresponsables" telles qu'Homéopathes sans frontières, qui préconise l'utilisation de granules homéopathiques "pour la prévention du paludisme ou des diarrhées infantiles", qui font des centaines de milliers de morts dans les pays d'Afrique.
Quant à une possible interdiction de prescription de ces médicaments par les médecins, François Chast conçoit qu'ils peuvent être utiles, à l'instar des "placebos" ou des "tisanes", et que la prescription n'est pas dangereuse, tant qu'elle est responsable et que les médecins restent conscients que l'homéopathie ne peut se substituer à un traitement adapté.
Les laboratoires ont une dizaine de jours pour défendre leurs arguments devant la Haute Autorité de Santé. Elle rendra son avis définitif au mois de juin.
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