En état d’ivresse sans boire d’alcool : qu’est-ce que le syndrome d’auto-fermentation ?
Un automobiliste belge de 40 ans était poursuivi pour conduite en état d’ivresse en récidive. Après avoir consulté des médecins, il a pu prouver qu’il était atteint d’un syndrome très rare d’auto-fermentation. Les explications du docteur Jimmy Mohamed.
Un Belge de 40 ans a été interpellé récemment pour conduite en état d’ivresse. Ce dernier a assuré n’avoir pas bu une seule goutte d’alcool. Après vérification, il s’avère qu’il disait la vérité et a échappé à une condamnation. Il souffre d’un syndrome rare : le syndrome d’auto-fermentation.
Dans cette situation, votre corps va produire de l’alcool, et plus particulièrement de l’éthanol. Ethanol qui entre dans la composition de toutes les boissons alcoolisées que l’on peut consommer. Cet alcool est produit toute simplement par la fermentation des glucides.
Les glucides je vous rappelle que ce sont les sucres qu’on va trouver dans les bonbons, les boissons gazeuses mais aussi le pain, les pâtes, les frites etc.. Ces sucres absorbés en trop grande quantité vont être fermentés, c’est-à-dire transformés en éthanol, donc en molécule d’alcool, donnant lieu aux symptômes de l’ivresse classique.
À l’origine, un déséquilibre du microbiote
Le premier facteur nécessaire, c’est l’absorption de ces glucides en grande quantité. Le second, c’est le déséquilibre de ce qu’on appelle le microbiote, ou flore intestinale, avec la présence dans le tube digestif de certains champignons ou de certaines bactéries. La prise de certains antibiotiques pourrait aussi perturber le microbiote et favoriser là encore ce processus de fermentation. Enfin, certaines pathologies du tube digestif ont également été décrites comme à l’origine du phénomène.
Les symptômes peuvent s’apparenter à une vraie ivresse. Lorsque l’alcoolémie est faible, on peut avoir des maux de tête, de la fatigue, des crampes à l’estomac, des nausées, une sensation de bouche sèche et puis évidemment, une sensation d’ébriété, avec une marche déséquilibrée, des troubles de la parole, une confusion avec le lendemain une possible énorme gueule de bois.
L’alcoolémie peut monter jusqu’à 4g par litre dans le sang
En fonction de la quantité d’aliment consommé, l’alcoolémie peut monter jusqu’à 4g par litre dans le sang, ce qui correspond grosso modo à avoir bu une quinzaine de verre d’alcool ! Alors, cela peut prêter à sourire, mais en réalité, cela peut être extrêmement dangereux, car à 4g, on risque un coma éthylique et donc évidemment un accident en prenant le volant.
Avec d’autres conséquences sur la santé. Malheureusement, car la consommation d’alcool étant nocive pour notre organisme, ce processus d’auto-fermentation va produire exactement les mêmes effets, à savoir un risque d’hépatite, de cirrhose, d’hypertension artérielle ou de cancers.
Comment peut-on guérir de ce syndrome qui reste, disons-le, très rare ? En limitant sa consommation de glucides, donc de sucre, en traitant une éventuelle infection à un champignon ou en arrêtant un traitement antibiotique potentiellement incriminé. Quoi qu’il en soit, ce syndrome reste rare et on rappelle que l’alcool au volant est la première cause de mortalité routière donc ne l’oubliez pas : boire ou conduire, il faut choisir.
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