La publication du livre-enquête "Les Fossoyeurs" (Fayard) il y a un an avait fait l'effet d'une véritable bombe. Les révélations du journaliste Victor Castanet sur les malversations du groupe Orpea ont débouché sur des contrôles renforcés, des règles budgétaires plus strictes et davantage de transparence dans les établissements d'hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad). En revanche, les acteurs du secteur dénoncent le manque chronique de personnel.
Le groupe Orpea, en première ligne, a d'abord nié tout manquement, avant de changer de stratégie : il a en effet limogé ses principaux cadres dirigeants tout en annonçant vouloir améliorer ses pratiques. Par ailleurs, en interne, le dialogue social s'est nettement amélioré, estime une déléguée CGT interrogée par l'AFP, sous couvert d'anonymat. "Avant, la direction ne nous écoutait tout simplement pas. Désormais, on peut se parler, dans un climat apaisé", même si "certains directeurs régionaux, formatés à l'ancien Orpea, sont encore en place".
En revanche, l'entreprise, visée par plusieurs enquêtes judiciaires, se trouve en difficulté financière et peine à finaliser un plan de restructuration de sa dette. Le groupe est endetté à hauteur de neuf milliards d'euros et doit absolument trouver de l'argent rais pour survivre. À ses (gros) soucis financiers s'ajoute l'inflation des coûts alimentaires et énergétiques.
Centré au départ sur Orpea, le scandale a eu également des conséquences sur l'ensemble du secteur des maisons de retraite, privées, associatives ou publiques. Partout, les contrôles ont été renforcés. Alors qu'auparavant, chaque établissement n'était inspecté que tous les 20 ans, le gouvernement a ordonné le contrôle, sous deux ans, de l'intégralité des 7.500 Ehpad en France. Aussi, 120 inspecteurs doivent être recrutés d'ici la fun de l'année afin de renforcer les effectifs chargés de ces inspections.
Par ailleurs, paru en avril dernier, un décret a obligé les établissements à plus de transparence quant à leurs prestations et leur gestion des sommes facturées aux résidents. "Tout n'a pas changé du jour au lendemain car tout ne méritait pas de changer", souligne auprès de l'AFP, Florence Arnaiz-Maumé, la déléguée générale du Synerpa, syndicat des Ehpad privés. Et d'assurer : "Il y aura un avant et un après Les Fossoyeurs, mais l'évolution doit se faire au long cours".
Et pour "rétablir la confiance du public", le Synerpa a présenté cette semaine une "charte" de dix engagements, déjà signée par les principaux groupes du secteur, dont Korian, Colisée et DomusVi. Celle-ci prévoit la publication d'indicateurs sur la qualité de soin des résidents, mais aussi sur la qualité de vie au travail des salariés, ainsi qu'une analyse des risques de maltraitance.
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