Les traditionnels groupes sanguins A, B, AB ou O sont bien connus mais il en existe en réalité beaucoup d'autres, parfois très rares. Cette diversité pose des problèmes de compatibilité à l'Établissement français du sang (EFS), qui lance ce lundi 15 novembre sa première campagne sur le sujet, la "semaine de sensibilisation aux sangs rares".
La classification traditionnelle (ABO avec rhésus positif ou négatif) comprend 8 groupes, qui correspondent à 98% des besoins en transfusions : A+, A-, B+, B-, AB+, AB-, O+, O-. Mais cette classification ne suffit pas à refléter la diversité réelle des groupes sanguins. On en recense en fait 380, dont 250 considérés comme rares, répertoriés selon d'autres modes de classement. On peut donc être porteur d'un sang rare même en étant rangé dans une des huit catégories classiques, et le découvrir nécessite des analyses approfondies portant sur des caractéristiques génétiques fines.
Le nombre de porteurs d'un groupe rare est estimé entre 700.000 et un million en France, mais seulement 10% d'entre eux le savent. En cas de transfusion, ces personnes doivent recevoir un sang le plus proche possible du leur. Car quel que soit notre groupe, un sang incompatible "rend a minima la transfusion inefficace, voire au pire peut tuer", explique le professeur Jacques Chiaroni, de l'EFS.
Selon l'Établissement français du sang, cette diversité est directement liée à l'évolution de l'être humain et à ses multiples migrations à travers les siècles. En France, pour des raisons génétiques, ces groupes rares sont surtout présents chez des personnes aux racines africaines (Afrique, mais aussi Antilles ou océan Indien), souligne l'EFS.
La spécificité d'un groupe sanguin pour une région géographique donnée est le fruit d'une adaptation de l'humain à son environnement, qui a façonné ses caractéristiques génétiques au fil des siècles. "La diversité génétique est plus importante en Afrique, où la population est plus ancienne puisque c'est là que l'Homme est apparu", souligne Jacques Chiaroni.
Un groupe rare quelque part ne l'est donc pas forcément ailleurs. "Je suis rhésus négatif, et en Chine je suis intransfusable", car cette caractéristique y est rare alors qu'elle concerne 15% des Européens, note le Pr Chiaroni.