Crise des urgences : "J'ai peur que ce qui se passe actuellement devienne une habitude et un système normal", s'inquiète un infirmier

3 heures d'attente en moyenne pour être pris en charge aux urgences en 2023, soit 45 minutes de plus qu'il y a 10 ans. C'est ce qui ressort d'une étude publiée ce mercredi 19 mars par le ministère de la Santé. Une situation à laquelle Pierre Schwob, infirmier aux urgences de nuit de l’hôpital Beaujon, à Clichy, est confronté quotidiennement. 

Selon lui, les urgences sont "juste le symptôme d'un système de santé qui est un petit peu à la dérive". "C'est à la fois la vitrine sur la médecine de la ville qui est de plus en plus difficile pour une partie de la population, et à la fois la difficulté d'hospitaliser nos patients au sein de l'hôpital, avec les fermetures de lits de ces dernières années", explique-t-il sur RTL. 

"Je suis assez en colère parce que ça fait 12 ans que je suis là et j'ai vu le système se dégrader", regrette-t-il. "J'ai peur que ce qui se passe actuellement devienne une habitude et tout simplement un système normal pour certains", ajoute-t-il

Celui qui est également président du collectif Inter Urgences se dit inquiet de l'"énorme turnover" aux urgences avec de nombreux anciens qui quittent le service. Pierre Schwob ne se voit pas forcément continuer. "Au vu des choix qui sont pris d'un point de vue du gouvernement, je pense que je ne ferai pas une carrière complète", indique-t-il. La fusion future de l’hôpital Beaujon avec l'hôpital Bichat en 2030 pèse aussi dans la balance.