Ils sont médecins, parfois même prix Nobel, chercheurs reconnus, et pourtant, ils sont devenus les porte-paroles du mouvement anti-vaccin. Ils dénoncent les dangers de la vaccination contre le COVID . Qui sont ces scientifiques qui se méfient de la science ? Notre brigade a enquêté. Virginie Garin bonjour. Ces médecins ont souvent le même profil...
Ils mènent une carrière normale. Ils sont appréciés, reconnus. Et c’est à l'approche de la retraite, qu’ils prennent un virage et se mettent a rejeter la science classique qu’ils ont pourtant pratiqué toute leur vie. Ils se tournent vers des médecines alternatives, naturelles. Pour eux, en fait avec une bonne hygiène de vie, le système immunitaire peut se défendre tout seul. Pas besoin de vaccin.
Le plus connu, c’est le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de médecine pour avoir découvert le virus du sida et qui est qualifié désormais d’imposteur par bon nombre de ses collègues.
On l’a vu encore récemment dans un documentaire complotiste, Hold-up, c'est un farouche opposant des vaccins. Par exemple sur le sida, il explique qu'avec une nourriture équilibrée, en quelques semaines, on peut se débarrasser du virus, inutile d'essayer de mettre au point un vaccin.
D’ailleurs si les africains l’attrapent ; selon lui, c’est qu’ils n’ont pas une alimentation assez diversifiée. Et sur le Covid, il explique que les vaccins à ARN, comme Pfizer vont nous donner des cancers. Ce qui est totalement réfuté par 99% des scientifiques.
Il s’est affiché aux cotés d’un autre médecin critiqué par ses pairs : le professeur Henri Joyeux, ancien cancérologue. En 2017 ils se retrouvent tous les deux sur une scène de théâtre a Paris pour expliquer lors d'une conférence que les vaccins empoisonnent les enfants.
Le professeur Joyeux, l'Ordre des médecins a décidé de le radier. Car il a testé un traitement contre Alzheimer en toute illégalité sur des cobayes humains avec un ancien pharmacien, Jean-Bernard Fourtillan. C'est lui qui a mis au point le traitement à base d'une hormone qu'il affirme avoir découvert grâce à révélation divine. Après un séjour en psychiatrie, il est aujourd’hui en prison.
Ils dénoncent tous les deux la dangerosité des adjuvants qui sont dans les vaccins. Et notamment le sel d’aluminium, qui est utilisé depuis près d'un siècle dans les vaccins. Il y a suffisamment de recul pour dire qu’il n’y a pas de danger, selon la communauté scientifique. En fait, ces médecins sont parfois séduits par l’irrationnel, voire la religion. il peut y avoir cette notion de punition : si on tombe malade, c’est dieu qui nous punit, si on se comporte bien, si on mange bien, pas besoin de vaccin.
Parmi les chercheur anti-vaccin, il y a une généticienne de l'INSERM, l'institut de recherche médicale, Alexandra Henrion Caude, qu'on a vue aux cotés de Jean-Marie Bigard récemment dans une manifestation contre le vaccin ; elle se revendique fervente catholique, anti-PMA. Son ancien directeur de thèse Axel Khan a dénoncé sa dérive complotiste. Elle s'en défend.
Mais ces médecins décriés par leurs pairs, on les retrouve sur les sites complotistes. Leurs arguments sont repris sur les réseaux sociaux. Leur carrière les rend crédibles. Ce sont des influenceurs. Alors les chercheurs en sciences sociales, qui travaillent sur cette méfiance de la vaccination, estiment qu'en France les anti-vaccins convaincus représentent entre 2 et 5% de la population. Mais il y aurait aussi 20% d’hésitants. Des personnes qui peuvent être sensibles à ces thèses .
Et est-ce que ça marche, est-ce qu'ils sont entendus est-ce qu'ils contribuent à ralentir la campagne de vaccination contre le Covid ? Pas tant que ça finalement. On a encore battu la semaine dernière des records de vaccination. Et si on en croit, Santé Publique France qui suit, qui interroge depuis des mois un échantillon de 2000 Français. En décembre dernier, + de 30% des participants déclaraient qu’ils étaient certains ne ne pas se faire vacciner. Cette proportion ne cesse diminuer. A la fin du mois de mai, ils n'étaient plus que 12%.
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