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Coronavirus : quelle est la situation sanitaire dans les prisons en France ?

ÉCLAIRAGE - Selon les derniers chiffres, ce sont 52,1 % des Français qui ont reçu au moins une dose de vaccin. Chiffre qui devrait continuer d’augmenter avec la menace du variant Delta. Mais une question se pose : qu’en est-il des personnes détenues en prison ?

Un surveillant de prison (illustration)
Un surveillant de prison (illustration)
Crédit : Photo J.-F. O
Céline Morin

Alors que le variant Delta est devenu majoritaire en France, la question vaccinale est plus importante que jamais. Population confinée qu’il y ait une pandémie ou non, les détenus sont un public à risque. Entre promiscuités, conditions de vie précaires et maladies, le coronavirus une fois entré en milieu pénitentiaire représente une vraie "catastrophe" confie à RTL.fr le Contrôle général des lieux de Privation de liberté. 

Les prisonniers "sont logés à la même enseigne que tous nos concitoyens et ils sont vaccinés dans les mêmes conditions", disait le Garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti début février dernier, alors que la vaccination en prison commençait. C’est donc suivant le plan national que les prisonniers se font vacciner, et ce malgré les recommandations de la Contrôleure générale des lieux de privation de libertés (CGLPL). En effet, Dominique Simonnot avait publié un communiqué début 2021 expliquant qu’une stratégie vaccination "spécifique aux établissements pénitentiaires est plus que souhaitable".

Depuis, le vaccin a fait son chemin : d’abord autorisé aux plus de 75 ans, puis début avril aux plus de 50 ans, pour enfin être élargis aux plus de 18 ans fin mai. Parallèlement à la population nationale, les détenus aussi se sont fait piquer : début juin 2021, près de 10 % étaient vaccinés. Au 7 juin, 6.493 détenus avaient déjà été vaccinés selon les informations données à RTL par le ministère de la Justice, sur un total de 65.384 détenus. À la même date, 92 ont été testés positifs, élevant à 3.368 le nombre de cas positifs total depuis le début de la pandémie, parmi lesquels trois sont décédés. 

Quelles mesures de restrictions dans des lieux déjà isolés ?

Quelles sont les mesures déjà prises pour endiguer l’épidémie ? Depuis le premier confinement et l’interdiction pour les familles de rendre visite à leurs proches détenus, les choses ont beaucoup évolué. Les Unités de Vie familiales accueillent de nouveaux les familles depuis le 9 juin dernier et les plexiglas mis en place à l’été 2020 sont peu à peu retirés des prisons et maisons d’arrêt depuis la fin juin

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Pour autant, tout contact entre le détenu et sa famille est interdit dans les parloirs, ce qui est très difficile à vivre puisqu’ils n’ont pas pu toucher leurs proches depuis plus d’un an. Des sanctions disciplinaires sont même possibles en cas de contact, avec isolement de 10 jours.  Afin d’alléger ces mesures très sévères, la CGLPL avait également recommandé de mettre à disposition des visiteurs des tests PCR. Jusqu’à présent rien n’a encore été fait dans ce sens.

Tests PCR qui sont par ailleurs obligatoires pour les personnes entrant en Unité de Vie Familiale (UVF), ces petits appartements au sein de la prison dans lesquels les détenus peuvent recevoir des proches pour une durée allant de 6 à 72 heures. Cela pose d’ailleurs problème pour les enfants, car ces derniers ne pouvant pas les faire, leur présence en UVF dépendent du bon vouloir des directeurs de prisons. Certains acceptent un test salivaire, d’autres non. Ainsi, des détenus n’ont d’ailleurs pas vu leurs enfants depuis des mois, comme en témoigne un article de l’OIP sur cette détenue de Fleury-Mérogis qui est privée de son fils autiste depuis mars 2020.

A l’intérieur, le port du masque est obligatoire pour tout le monde dès la sortie de cellule et les prisonniers se déplacent par petits groupes afin de limiter les contaminations en cas de cluster. Tout nouvel arrivant est soumis à une quatorzaine, de même pour les détenus sortant des UVF, toujours dans une volonté de ne pas faire rentrer le virus à l’intérieur. 

Une procédure administrative très longue

Concernant la vaccination, les procédures prennent du temps. En effet, si le prisonnier souhaite se faire vacciner, il doit faire une demande écrite auprès de l’Unité sanitaire de la prison qui l’inscrit sur liste d’attente. Par exemple, à la maison d’arrêt de Nice, il faut attendre d’avoir une liste de 7 patients avant de commander un flacon. L’Unité Sanitaire de Nanterre, prévoit quant à elle une liste de 10 patients pour 1 flacon. Car même après avoir fait les démarches, certains détenus refusent finalement de se faire vacciner. 

Entre la gestion des courriers, les listes de patients à mettre en place, l’organisation avec les infirmières, ou encore la mise en place des rendez-vous pour les détenus, c’est donc une organisation qui prend beaucoup de temps

En mars dernier, alors que la campagne vaccinale n’en était qu’à ses débuts, les débats sur les effets indésirables du vaccin AstraZeneca étaient à la une de l'actualité. Nombreux sont ceux qui ont refusé d’être piqués avec ce vaccin, y compris dans les prisons. C’est pourquoi, fin mars, la maison d’arrêt de Nice avait pris la décision d’arrêter de l’utiliser, ralentissant une vaccination déjà lente. 

Lors de l’ouverture de la vaccination à tous, l’ARS PACA avait demandé à mettre en place une campagne de vaccination massive au sein des prisons. C’est ainsi que près de 60 personnes ont été vaccinées fin juin. Début juillet, la maison d’arrêt comptait donc une centaine de détenus vaccinés d’au moins une dose sur les 400 résidents. 

Une population carcérale jeune qui ne veut pas se faire vacciner

Une autre raison pour expliquer le faible taux de vaccination en prison est à chercher du côté du jeune âge des détenus. En effet, selon les chiffres du ministère de Justice, les 60 ans et plus ne représentent que 4 % des détenus quand les 25-40 ans représentent 47 % de la population carcérale – l’âge médian étant 32 ans. 

Ainsi, le Dr Rometti, de l’Unité Sanitaire de la maison d’arrêt de Nice, constate que si la plupart des détenus de plus de 30 ans acceptent d’être vaccinés, les plus jeunes sont en revanche très réticents. Comme en dehors des prisons, un travail de pédagogie va donc devoir être entrepris pour faire augmenter le taux de vaccination en prison.

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